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REVUE DE PARIS

toire que n’a pas faite M. Brillat-Savarin lui-même, ce roi des gourmands. Or, pour faire le chapitre gastronomique de M. Alexis Monteil, il ne suffit pas d’être un gourmand, il faut savoir encore passer des nuits sans dormir, manger du pain noir, boire de l’eau claire, être en un mot comme notre savant auteur ce qu’on appelle un savant dans toute la rigueur de l’expression.

On parle beaucoup aujourd’hui des douanes sans trop s’entendre. Au chapitre viii, vous trouverez à cet égard des documens qui remontent jusqu’au xiv^ siècle, et qui étonneront M. Boucher de Perlhes lui-même, le savant directeur des douanes qui en a fait l’histoire avec tant d’esprit dans son charmant petit glossaire dont je n’ai pas encore parlé.

Grand nombre de temples étaient, du temps de nos anciennes guerres civiles, de vraies forteresses où les sacristains chantaient au dedans, se battaient au dehors. Voyez le chapitre de l’Église. C’était vraiment l’église militante, et certes on n’en priait pas avec moins de ferveur le dieu des armées pour avoir le haubert sur le corps, l’armet en tête et l’épée à la main.

« Lecteur, je vous prie de donner une attention particulière à ce chapitre ; l’histoire de la féodalité est au moins pendant huit ou dix siècles l’histoire nationale de France… »

Ainsi commence le chapitre xi. C’est tout un livre qu’avait deviné Montesquieu, mais que M. Monteil a eu l’insigne honneur de trouver le premier.

On lit au chapitre xxii que la représentation provinciale déptitaii à la représentation nationale, que les états-généraux étaient presque tous formés de députés eiivoijés par les états provinciaux ; et au chapitre x que de la représentation ecclésiastique, des divers degrés des conciles, est née la représentation nationale, avec ses divers degrés ; en un mot, c’est là tout un système historique, d’une nouveauté étrange et hardie. C’est M. Monteil qui le premier a découvert les principes de ce système ; c’est lui qui en a lié entre elles toutes les différentes parties ; et ainsi il en arrive à écrire le premier chapitre le plus important de l’histoire de France gouvernée par ses représentans.

Vous ne sauriez croire tout l’intérêt de ce livre, qui ressemble au premier abord àun simple catalogue de librairie. L’auteur, arrive à cette partie de la noble tâche qu’il s’est imposée, et tout en disant adieu aux premiers siècles de cette histoire de France, qu’il a épuisés avec tant de verve et d’ardeur, se repose un instant avant d’entrer dans de nouveaux siècles. Alors il cause familièrement avec son lecteur. Il lui montre du doigt tous les matériaux qu’il a mis en œuvre ; il le fait entrer dans les mystères de