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REVUE DE PARIS

Ceux qui entreprirent l’affaire « s’obligèrent et convinrent à payer la despense, si, par cas fortuit, fust souvenue quelque mortalité, ou la guerre, qu’il n’eust este possible de parachever ladicte emprinse et jouer jusqu’à la fin. »

Si la représentation des mystères en province était généralement plus ou moins directement gratuiie, on ne peut douter qu’à Paris les places ne fussent payées. L’auteur de l’Histoire de la ville de Paris fait remonter très haut l’usage de payer aux spectacles. Il dit qu’il commença à l’occasion d’une représentation particulière à laquelle Charles VI devait assister ; mais que ne l’ayant pu, les confrères de la passion, qui avaient fait de grands frais pour cette représentation, obtinrent de lui la permission de jouer en public, en exigeant des spectateurs un droit d’entrée.

Quoiqu’on ait parlé plus haut de construction de théâtres dans des villes de province, il ne faut point en induire que l’on éleva généralement des monumens solides et durables pour ces représentations. Ces constructions, au contraire, étaient, pour la plupart, transitoires, elles ressemblaient en cela aux reposoirs de la Fête-Dieu. Elles ne servaient ordinairement que pour une représentation, ou tout au plus une saison. D’ailleurs la représentation d’un mystère tel que celui de la Passion ou des Apôtres, était une chose tellement capitale, que lorsqu’on était parvenu à conduire à bonne fin une représentation, les acteurs avaient besoin de repos. On ne trouve que de rares exceptions à cette règle.

Les mystères étaient un spectacle essentiellement religieux, comme le prouvent, outre leurs sujets, l’intervention du clergé dans les représentations. Ainsi on voit Conrard Bayer, évêque de Metz, faire exécuter les Mystères de la Passion en cette ville, en 1437. Un sire Nicolle, curé de Saint-Victor de Metz (le même joua la même année le rôle de Titus, dans le Mystère de la Vengeance ; c’était, à ce qu’il paraît, le meilleur acteur, puisqu’il remplit ici les deux principaux rôles) jouait le personnage du Christ, et un autre prêtre, messire Jean de Niccy, chapelain de Métranges, le personnage de Judas.

À une représentation qui eut lieu à Angers, en 1486, le premier jour de la représentation on célébra dans le lieu même une grande