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comme par les détails d’exécution, rentraient tout-à-fait dans la classe des spectacles publics. Nous voulons parler de ces processions bizarres, de ces grotesques mascarades, pieuses saturnales instituées pour faire diversion à la monotonie du cloître, à l’époque de confusion, de désordre et d’abrutissement qui suivit la mort de Charlemagne. Dans ces fêtes, qui n’étaient qu’une dégénération des saturnales, des calendes et des lupercales des anciens, on retrouvait de fréquentes traces des coutumes du paganisme ; on s’y montrait demi-nu ou couvert de peaux de cerfs, d’ours et de loups. Comme les Saliens, les diacres dansaient dans l’église le jour de Noël ; les enfans de chœur à la Saint-Jean, et les sous-diacres à la Circoncision. Bellet, écrivain du xiie siècle, fait mention de ces danses, et ajoute qu’il y avait certaines églises oii les évêques et les archevêques jouaient aux dés, à la paume, à la boule et autres jeux, et dansaient avec leur clergé dans les monastères et dans les maisons épiscopales. Ce divertissement s’appelait la liberté de décembre, à l’imitation des anciennes saturnales. Comme dans cette fête du paganisme, les valets prenaient la place de leurs maîtres et créaient des rois imaginaires ; de même, les jeunes clercs, les sous-diacres et les diacres officiaient publiquement et solennellement aux fêtes de Noël. Ils s’emparaient des hautes stalles, et les chanoines devenaient le bas chœur. La veille des Innocens, les jeunes clercs élisaient parmi euxunévêque, l’amenaient en triomphe dans l’église avec la mître, la chape, les gants, la crosse et les autres ornemens épiscopaux. Il donnait la bénédiction au peuple ; après quoi, on le conduisait en procession par toute la ville.

La Fête de l’Âne a été l’objet de tant de dissertations et de récits, qu’il serait fastidieux de revenir ici sur des particularités trop connues. Nous nous contenterons de rappeler qu’elle était plus particulièrement célébrée dans les églises de Sens, de Rouen, de Vienne, d’Autun et de Troyes. Mais la Procession du Renard, beaucoup moins connue, n’en sera que plus curieuse à décrire. On y voyait figurer un renard couvert d’un surplis agencé à sa taille, ayant la mître et la tiare sur la tête. On avait le soin de mettre de la volaille à sa portée. Cet animal ne manquait pas de se