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REVUE DE PARIS

Jeter sur les poules, qu’il dévorait en présence des assisians, à leur grande satisfaction. On assure que le roi Philippe-le-Bel, prince très gallican, aimait beaucoup cette procession. Il prétendait que les ravages causés par le renard étaient l’emblème des exactions du pape, dont il se plaignait amèrement.

Dans le même temps, l’église de Reims donnait un spectacle à peu près semblable. Le mercredi saint, tout le clergé se rendait à Saint-Remi pour y faire une station. Les chanoines, précédés de la croix, étaient rangés sur deux files, et tous traînaient derrière eux un hareng, qu’ils tenaient attaché par un ruban. Chacun d’eux n’éiait occupé que du soin de marcher sur le hareng qui le précédait et de sauver le sien des surprises de la personne qui le suivait. On ne parvint à les faire renoncer à ces bouffonneries, qu’en abolissant cette ridicule procession.

Plusieurs ouvrages du xvie siècle ont conservé les traces de ces cérémonies, que les chroniques ne permettent pas de considérer comme de simples débauches d’imagination de l’artiste. Dans le livre très orthodoxe de la Généalogie de la fin des humains huguenots, Lyon, 1572, in-8o, on voit un singe en chaire, prêchant devant ses compagnons. Un autre animal de même espèce, couvert d’une chasuble, emporte un calice qu’il paraît avoir dérobé. Tout près de la chaire est un christ qu’un troisième singe ajuste avec une arquebuse. Le reste du tableau est dans le même genre. On voit encore sur les chapiteaux des grands piliers de la cathédrale de Strasbourg un bas-relief représentant une procession, dans laquelle on distingue un pourceau portant un bénitier, des ânes revêtus d’habits pontificaux, des singes tenant entre leurs griffes divers attributs de la religion, et un renard enfermé dans une châsse. L’église cathédrale du Mans porte aussi de pareils emblèmes qui, dans certains cas, prenaient l’expressiou de véritables caricatures, dirigées par le clergé séculier contre le clergé régulier. On y voit des porcs dressés sur leurs pattes de derrière, tenant un bâton dans celles de devant, et des rats jouant sur des boules. Le même goût avait inspiré h décoration de la chaire des jésuites de Louvain, où était représenté le premier homme avec sa compagne. Près d’Adam figuraient un lion, un aigle et un che-