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REVUE DE PARIS

À Paris, il se faisait en même temps des processions de trente mille personnes, où le clergé ligueur paraissait bizarrement affublé d’équipemens militaires. Les fanatiques du parti mettaient à tout cela beaucoup de ferveur, mais les esprits forts les appréciaient à leur valeur et en faisaient des parties de plaisir. Le chevalier d’Aumale n’y paraissait que pour jeter des dragées aux dames avec une sarbacane, et sa cousine, la dame Sainte-Beuve, « s’y laissait mugucter et attoucher au scandale de plusieurs qui allaient là de bonne foi. » Ces processions, faites souvent de nuit et par des personnes demi-nues, donnaient lieu, comme on pense, à toutes sortes de scandales. « Tout était carême-prenant, dit l’Étoile, c’est assez dire qu’on en vit les fruits. »

À côté des processions religieuses, plus ou moins accompagnées de bouffonneries, il se maintint en France jusqu’à la fin du dernier siècle plusieurs cérémonies exécutées par les laïques qui, tout en empruntant les appellations à l’ordre ecclésiastique, exploitaient exclusivement la satire dans le sens des moralités et des sotties, avec l’origine desquelles se confond leur origine. Telles étaient la compagnie de la mère folle, de Dijon, l’abbé des cornards, d’Evreux, l’évêque fou, de Vienne, les prieurs de la malgouverne de Rhodez, et du plat d’argent, du Quesnoy.

L’institution de la compagnie de la mère folle, de Dijon, et les particularités de la procession du Diable d’Aix, sont trop connues pour qu’on entre ici dans aucun détail à ce sujet.

Vabbé des cornards, d’Évreux (abbas cornardorum), faisait encore partie de cette pléiade de princes bouffons, monarques à grelots, dont le règne éphémère s’exerçait par la satire. Quelques savans du dernier siècle se sont fort escrimés pour trouver une étyniologie docte et pudique à son titre, mais il n’en est pas moins certain qu’il était emprunté à cette partie de ses prérogatives qui s’exerçait contre les infortunes conjugales. C’est pardevant ce singulier arbitre que l’auteur de l’Arresia amorum porte la cause du Règlement des arrérages requis par les femmes à l’encontre de leurs maris. Le quatrain suivant vient du reste tout-à-fait à l’appui de cette opinion :

Au jour de saint Arnou,
Patron des ceux (c…),