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L’AVANCEMENT DES OFFICIERS

Actuellement tous les officiers, quelle que soit leur origine, ont une valeur comparable. Ceux qui sortent des écoles de sous-officiers (Saint-Maixent, Saumur ou Versailles) sont ceux qui ont échoué aux examens de Saint-Cyr ou de Polytechnique, ou qui se sont avisés trop tard de leur vocation militaire ; mais tous — avec des degrés s’entend — ont le même fond de connaissances générales. D’ailleurs, les méthodes de guerre actuelles exigeant de la part des officiers une instruction étendue, imposent par là-même, à l’entrée aux écoles de sous-officiers, des examens d’instruction générale tels que ceux-là seuls peuvent les subir avec succès qui ont derrière eux des études sérieuses. L’histoire du conscrit en sabots devenant général en chef est aujourd’hui du domaine de la légende : elle n’en sortira plus. Je ne parle pas des dispositions nouvelles et non encore appliquées, qui réservent un certain nombre de places de sous-lieutenants aux adjudants ayant plus de dix ans de services. La situation matérielle du sous-officier rengagé, avec la retraite acquise à quinze ans de services au lieu de trente, et la certitude d’avoir un emploi civil dont les émoluments peuvent se cumuler avec la pension de retraite, — ce qui n’existe pas pour les officiers — est tellement, supérieure à la situation de l’officier que ces adjudants ne veulent pas du cadeau qu’on a prétendu leur faire. C’est parmi eux à qui ne sera pas proposé. On est obligé de les désigner au tour de corvée.

Ainsi l’avancement au choix a cessé de se justifier par la différence de valeur. D’autre part, au point de vue moral, tel qu’il est pratiqué chez nous, tout au moins depuis qu’en 1872 on a supprimé l’avancement par régiment qui excluait jusqu’à un certain point l’arbitraire, il présente des inconvénients extrêmement sérieux et de nature à faire grandement réfléchir.

On a dit tout le mal possible des Commissions de classement. Ce n’étaient cependant ni les lumières, ni la bonne volonté qui leur manquaient ; mais pourquoi leur demandait-on l’impossible ? Comment voulait-on en bonne conscience qu’une commission de classement pût, en connaissance de cause, déterminer le mérite relatif des candidats avec assez de précision pour décider que M. A… devait être classé juste trois rangs avant M. B… que M. X… était apte à passer cette année et