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L’AVANCEMENT DES OFFICIERS

neté sans règle fixe, ce qui revient exactement au même, — je préfère nettement l’avancement à l’ancienneté.

L’avancement à l’ancienneté a du moins l’avantage de laisser chacun à sa place, de ne pas bouleverser du jour au lendemain, sans raison apparente, les relations de commandement et de subordination, et d’assurer l’indépendance des caractères. Convenablement appliqué, c’est-à-dire tempéré par l’exclusion des éléments inaptes, il permet, comme je le prouverai tout à l’heure avec chiffres à l’appui, de recruter dans des conditions d’âge absolument satisfaisantes les officiers supérieurs et les officiers généraux. Il n’y a donc pour nous qu’un seul système d’avancement logique et applicable : c’est l’avancement à l’ancienneté, après constatation préalable de l’aptitude, autrement dit l’avancement à l’ancienneté par sélection.

On me dira que la sélection est une autre forme du choix, et que, par conséquent, si le choix est déclaré impraticable, la sélection ne le sera pas moins. À cela je répondrai que, s’il est impossible d’apprécier avec une précision suffisante le mérite relatif des candidats pour leur attribuer, en toute justice, un numéro sur un tableau de choix, il est par contre facile, ou tout au moins possible, de juger s’ils sont aptes ou non au grade supérieur (question de valeur absolue), ce qui est tout différent. Une vue exceptionnelle est nécessaire pour différencier entre elles vingt nuances de bleu voisines ; une vue ordinaire suffit pour distinguer le bleu du rouge.

Le principe posé, passons à l’application. Nous voudrions que, chaque année, les officiers qui entrent dans le premier tiers de la liste d’ancienneté de leur grade fussent jugés par la commission de classement compétente, les commissions étant constituées comme elles l’étaient autrefois pour l’établissement des tableaux de choix. La commission ne classerait pas les officiers, mais déciderait simplement s’ils sont ou non capables d’exercer les fonctions du grade supérieur. Les officiers déclarés aptes seraient seuls admis à passer au grade supérieur : ils y seraient promus à leur tour d’ancienneté. Les jugements de la commission seraient sans appel et définitifs. Aucun officier ne pourrait être discuté deux fois : le premier jugement fixerait le sort de tous, une fois pour toutes.