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FACHODA

amena sa colonne de deux cents Sénégalais presque intacte dans Fachoda et y fit apparaître le drapeau français pour la première fois. Il avait franchi 21 degrés en longitude et 15 degrés en latitude, c’est-à-dire, avec les détours, environ 4 500 kilomètres.



Pendant que Marchand et ses compagnons poursuivaient leur marche audacieuse, certains événements, qu’ils ne pouvaient soupçonner, allaient changer du tout au tout l’état des questions qui s’agitaient autour du Soudan.

L’expédition sur Dongola, objet de si vives polémiques entre les cabinets de Paris et de Londres, s’était accomplie, grâce aux subsides de la Grande-Bretagne. Le 22 septembre 1896, l’armée du général Kitchener entrait dans la ville, après de faciles succès, et lançait des avant-postes sur le fleuve à une assez grande distance en amont. Mais ce n’était là qu’une première étape. Le gouvernement britannique avait conçu le dessein, encore ignoré de l’Europe, de reprendre les territoires délaissés en 1885 et de restituer à l’Égypte ses anciennes frontières, à l’exception de l’Ouganda et de l’Équatoria, que l’Angleterre avait conquises dans l’intervalle et qu’elle réservait pour son propre compte. De grands préparatifs furent faits pendant l’hiver de 1896 à 1897. L’armée égyptienne, renforcée et pourvue de cadres anglais, avec artillerie et cavalerie, fut portée au chiffre de 20 000 hommes. Les troupes anglaises mobilisables, empruntées aux garnisons d’Égypte et aux ports méditerranéens, comprenaient 8 000 hommes. Particularité remarquable et qui met en relief les talents d’organisateur du général Kitchener, un chemin de fer de campagne fut jeté dans le désert, entre Abou-Hamet et Berber, pour faciliter le transport de l’armée et les ravitaillements ; on renonçait à la voie du Nil, qui aurait exigé un trop grand nombre de bateaux et eût été fort lente. Tout fut prêt, vers le milieu de l’année 1897, pour un effort décisif. Le 7 septembre, Berber fut occupé sans coup férir, l’émir Mahmoud ayant évacué la place. Six semaines après, les canonnières anglaises, qui avaient eu le temps de remonter le fleuve, bombardèrent