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Enfin par la porte entre-bâillée, madame Danflou jeta ces mots :

— Tout sera fait d’ici un quart d’heure : qu’on apprête le bain.

Et alors, dans la petite baignoire qui était préparée, l’eau tiède fut versée, pour cet arrivant mystérieux, venu on ne savait d’où, et qui, à son tour, allait affronter la terrible aventure de la vie. Et ce bain qui chauffait près du poêle, pour ce petit être qui n’était pas encore, avait quelque chose d’auguste et de mélancolique.

Un cri faible et perçant, plaintif et lamentable en sa nouveauté, retentit soudain : c’était la naissance, le salut à la terre.

Puis Poncelet entra, radieux.

— C’est un garçon ! — s’écria-t-il.

Et il semblait en concevoir une extrême fierté, comme si son mérite, à lui, s’en fût subitement accru ou comme si, par ce petit morceau de chair vivante dont on ne connaissait encore que le sexe, brilleraient, se perpétueraient désormais le nom et la gloire des Poncelet.

Louise, avant de s’en aller, demanda à embrasser son amie.

Dans son lit blanc laqué, Éliane maintenant reposait calme, délivrée, près de son petit enfant qui dormait dans un moïse de jonc. Tandis que Louise se penchait sur la jeune mère, celle-ci lui dit tout bas :

— Venez le plus souvent que vous pourrez : cela le retiendra peut-être un peu chez lui…


XXI


Le soir, dans le salon de l’avenue de Villiers, tout fleuri de chrysanthèmes, Louise et Félicité causaient, lorsque M. Toussard entra avec solennité. Il portait une redingote et achevait de mettre des gants blancs.

— Où allez-vous, dans cette tenue de cérémonie ? — interrogea Félicité.

— Où je vais ? mais chez vous, ma bonne amie ! — répondit Toussard, feignant l’ingénuité.

— Alors pourquoi cette toilette ?

— Cette toilette, vous en connaîtrez le motif. Je viens faire