Page:Revue de Paris - 1912 - tome 4.djvu/370

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nuit, à Antioche, et je les ai montrés en secret à des envoyés du Roi de Perse Sapor qui s’avance en suivant de près la retraite désespérée de Jovien. Ils m’offrent un marché sur lequel je gagnerais environ vingt talents d’or, c’est-à-dire 3 420 000 békas. Cela pourrait reconstruire une bonne partie du saint temple de Salomon.

Ainsi grâce à notre persévérance, notre sainte nation creuse sous les pieds de toutes les nations de la terre une mine remplie d’or où elles s’enseveliront, deviendront nos esclaves avilies, et reconnaîtront notre puissance impérissable. Loué soit le Dieu d’Israël.

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La nuit commençait à s’effacer du ciel et sa couleur noire devenait fade et blanchâtre. Les deux inséparables ennemis ouvrirent la fenêtre. Ce qu’ils virent était immonde.

La grande foule se ruait toujours dans les rues, traînant ses pieds dans les ruisseaux et s’y noircissant jusqu’aux genoux. Cette foule courait avec ivresse à la suite de quelques hommes masqués et déguisés, couverts de paillettes d’or et tachés de vin. Partout ces hommes étaient accueillis avec de grands cris de joie et avec des injures plus sales que les ruisseaux. Un cortège païen arriva au moment où le jour et la pluie paraissaient. C’était le bœuf, suivi de ses bouchers et trainant des filles enivrées dont les joues étaient couvertes de fard rouge et blanc. Les fenêtres s’ouvraient partout sur le chemin du bœuf et on lui battait des mains. Bientôt des femmes couvertes de rubans et traînées dans des voitures magnifiques se mirent gaiement à la suite du bœuf. Elles élevaient leurs enfants dans leurs bras pour le saluer à son passage.

Tous deux suivirent cette marche triomphale sur de longs boulevards bordés de grands arbres, et le long des rues et au milieu des places publiques où s’arrêtait le bœuf, quand ses bouchers buvaient.