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Page:Revue de Paris - 1913 - tome 5.djvu/882

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LA REVUE DE PARIS

— C’est leur fin.

Le brouillard se déchira au-dessus du précipice ; au-dessous, le soleil levant brilla de biais. Dans le vallon des toits rouges surgirent. Les faîtes des sapins trouèrent l’épaisse grisaille. Une grande masse s’enflait dans le ciel. Jella leva les yeux. Elle entendit un halètement. Une tache noire bondissait rapidement vers elle, de la gueule de la montagne.

Elle ne comprenait plus que cette tache noire amenait André et un morceau de terre vivante, une femme de la puszta. Elle ne comprenait plus rien. Elle s’élançait vertigineusement comme une roche sauvage, détachée dans le gouffre, pour s’écraser elle-même.

La locomotive grandissait devant elle ; elle devint haute et effrayante, comme une montagne précipitée. Un vent chaud lui fouetta le visage. Un épouvantable fracas… Tout à coup, elle aurait voulu vivre, et avec un cri de mort effrayant, elle tomba en arrière, étourdie.

Sa voix perça le bruit trépidant de l’acier ; une seconde encore, elle se répercuta sur les sommets. Puis le silence se fit sur les hauteurs. La petite âme vagabonde des montagnes était morte.

Et, à la maison de garde, Pierre, le corps raidi, salua le train.


Cécile de Tormay
Textes français de Marcelle Tinayre et Jean Guerrier.