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des tarifs demeurés fixes, de 77% pour les marchandises, avec des tarifs abaissés, de 142% L’abaissement des tarifs peut assurément être considéré comme ayant eu sa part dans ce dernier résultat. Et l’on peut même se demander non seulement si un abaissement du tarif des voyageurs n’eût pas élevé la recette kilométrique demeurée à peu près constante, mais si un abaissement plus hardi du tarif des marchandises n’eût pas élevé davantage la recette kilométrique déjà notablement accrue. Et c’est ce qu’on est encore plus tenté de penser quand on parcourt les divers documents, tels que rapports aux assemblées d’actionnaires, émanés des compagnies.

Aucune d’elle ne fait la distinction entre les frais généraux et les frais spéciaux et ne soupçonne l’indépendance du tarif de produit maximum des frais généraux. La Compagnie de Lyon (Rapport de 1860) nous parle du personnel dirigeant, des bureaux, de l’entretien des bâtiments, du chauffage, de l’éclairage des charges résultant des capitaux immobilisés, etc., etc., comme d’éléments du prix de revient des transports. Et elle invoque en particulier le prix d’établissement de son réseau de Rhône-et-Loire, qui lui a coûte plus de 1.200.000 fr. le kilomètre, pour justifier un tarif de 10 c. pour les houilles, alors que, probablement, un tarif de 7 ou 8 c., de 5 ou 6 c., lui donnerait un produit plus considérable. Toutes ces compagnies demeurent stupéfaites quand une augmentation de produit net se présente à la suite d’un abaissement des tarifs. Au début de l’établissement des voies ferrées, on avait considéré le transport des voyageurs comme devant former la partie la plus productive de l’exploitation. Ces prévisions furent trompées : l’abaissement du prix, l’augmentation de la rapidité développèrent surtout le transport des marchandises. Les Compagnies du Nord (Rapports de 1853 et de 1855), de l’Est (Rapport de 1853), de l’Ouest (Rapport de 1859), du Midi (Rapports de 1855, de 1856, de 1861 et de 1862) ne reviennent pas de l’étonnement que leur cause ce développement, même après que l’expérience de plusieurs années aurait dû les instruire. La Compagnie du Nord avait abaissé ses prix pour le transport des blés en 1847, par suite de circonstances exceptionnelles, et avec l’intention de ne le faire que pour six mois ; elle s’en était si bien trouvée que, plusieurs années après, en 1850, ce