146 LA REVUE DE L'ART gauche du Tibre, entre la Porta del Popolo et le Ponte Molle. Ce dessin, il est bien probable qu'Attavante l'a trouvé dans ses propres carnets. Peut-être a-t-il connu lui-même Thomas James pendant un premier séjour à Rome, dont sa biographie ne parle pas et dont la miniature du musée du Havre est seule à garder le souvenir. C'est beaucoup que ce peintre sur parchemin ait été un paysagiste : il eût pu se contenter d'être un décorateur. Pour ployer des volutes, étaler des rosaces, marier la courbe d'une figurine aux sinuosités d'un rinceau, modeler l'outremer et la pourpre, ciseler et guillocher l'or avec un pinceau qui défie les burins de l'orfèvre, peut-être Attavante n'eut-il point son pareil dans l'Italie du XVe siècle. Les encadrements du missel de Thomas James, comparés aux bordures des Heures d'Anne de Bretagne ou du bréviaire Grimani, offriraient un thème de parallèle qui pourrait être fécond. Le Florentin ignore les fleurs des campagnes toscanes. Il ne connaît que l'acanthe, fleur des marbres augustes, et il sait lui prêter une vie dont la richesse métallique n'est point tirée du règne végétal. Il sème à pleines mains les perles, les rubis, les émcraudes. Il puise dans les cassettes où Laurent le Magnifique conserve ce qu'il a de plus précieux : ses camées. Voici, sur le frontispice, à côté de camées incon- nus, et qui, peut-être, ont disparu dans le pillage de 1494, deux pièces célèbres qui ont passé au musée de Naples : le Bacchus trouvant Ariane endormie dans l'ile de Naxos et le Char de Bacchus et d'Ariane traîné par des Psychés 1, l'un des camées que Donatello avait fait copier par ses praticiens pour orner les médaillons du cortile, dans le palais de Cosme l'Ancien. A l'évêque breton, comme au roi de Hongrie, le miniaturiste florentin a fait largesse des trésors des Médicis. E. BERTAUX & G. BIROT 1. E. Müntz, les Précurseurs de la Renaissance, 1882, p. 191-193; pl. hors texte.
