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178 LA REVUE DE L'ART ommelettes monacales, il se transporta à Oiron, dont le château s'élève à moins de deux lieues de là. La princière demeure des Gouffier datait de l'époque des grandes bâtisses du XVIe siècle. Guillaume, l'amiral, avait entrepris Bonnivet pour éclipser Chanipigny, résidence des Montpensier, et Châtellerault, apanage du connétable de Bourbon. Artus, le grand-maître, et son fils Claude, le grand-écuyer, rivaux des La Trémoille, avaient élevé Oiron au rang des palais. Non seulement ils avaient demandé aux meilleurs artistes de la Renaissance son élégante galerie voûtée aux colonnes curieusement tournées en spirale, sa façade décorée de médaillons en marbre et ses termes de terre cuite, d'un si bel effet dans leurs niches ; mais ils avaient voulu que l'intérieur fût en harmonie avec le dehors. Devises, emblèmes, armoiries, couvraient les murs. Le marbre, le bronze, la céramique, célébraient à l'envi l'illustration d'une des premières familles du royaume. C'était une profusion de vitraux, de tapisseries, de statues et surtout de portraits, véritable galerie consacrée au souvenir des ancêtres, comme il en existait dans presque tous les châteaux d'autrefois. Mais, tandis que la plupart des gentilshommes, dont l'érudition se bornait, souvent à la connaissance de leur généalogie, faisaient passer le mérite des oeuvres bien après l'exactitude des armes ou des marques d'honneur, les Gouffier avaient fait appel aux plus habiles peintres de leur temps. Près d'un siècle après la mort du sire de Boisy, un inventaire comptait encore à Oiron plus de cinq cents tableaux : Premièrement, dans la grande salle basse, cent soixante six tableaux à demy corps, plus quinze tableaux attachés avec que grape de fer dans la muraille, à grands personnages ; Plus dans l'alcauve, à présent la chambre de Monseigneur, quarante neuf petits tableaux avec leurs cadres fasson d'esbeine ; Plus dans la dite chambre, soixante et trois tableaux à demi corps et trois grands sur marbre font soixante six ; Plus dans la dite chambre, deux tableaux à grands personnages, attachés dans la muraille, qui est Lucresse de Teniers ; Plus dans la grande salle haute, quinze grands tableaux attachés dans la muraille ; Plus dans la chambre de feu mademoiselle de Saint Vernes, vingt un tableaux à demy corps et trente trois petits : Plus dans la chambre de monsieur Chevreau, huit tableaux à demy corps et quatre de Le Sage, et un où est quatre visages;