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382 LA REVUE DE L'ART La seconde arme, celle qui porte à l'inventaire le numéro 30, est un glaive court, ne mesurant que 46 centimètres et demi (flg. 2). La lame est longue de 0m30 et large de 0m057 ; elle se termine en pointe courte et peu aiguë, à la mode du gladius antique. Comme la lame du sabre, celle-ci est en fer, mais elle a depuis la garde, sur toute sa longueur,une entaille qui, large de 2 centimètres au départ, s'effile en pointe très fine. Dans cette entaille, comme dans l'entaille similaire du sabre, s'encastre une fine lame ajourée en bronze 1, de dessin géométrique très simple. La poignée et la garde, qui forment croix, sont en argent: elles sont également composées de deux fusées appli- quées sur un support en bronze. Mais le travail de l'argent est ici plus compliqué et plus riche encore. Au lieu d'être simplement repoussé, le mêlai est repoussé et découpé à la fois ; les deux feuilles s'appliquent non sur une plaque de bronze de la largeur de la poignée, mais sur deux montants latéraux, de sorte que la poignée est vraiment creuse, et que le jour se joue à la traverser. Quant à l'ornementation elle- même, elle est d'une grande beauté. Le haut de la poignée et le pommeau sont formés de deux dragons, dont les corps écailleux de serpents s'entrelacent entre des ailes pendantes, et dont les tôles font saillie à droite et à gauche. Les deux monstres ont la gueule ouverte et tirent la langue ; sur leur front s'élève et se replie une crête élé- gante. Les ailes sont absolument semblables à celles du dragon à tête de cheval qui forme la poignée du sabre, et les crêtes sont des espèces de feuilles ou de palmettes, dont le dessin est tout à fait pareil à celui des ailes. Ces détails prouvent que les deux armes sortent du même atelier, sinon de la même main. Le corps de la poignée pré- sente un système ingénieux de légers entrelacs : c'est un agencement harmonieux de- lignes courbes, de crochets et d'accolades qui dénote un joli sentiment décoratif, et qui s'unit très étroitement aux dragons et aux ornements de la barre de garde. Au centre de la croix est posée, de face, une tète de chien, copiée très franchement et très habilement sur la nature, sans souci d'interprétation ornementale : de part et d'autre du motif part une sorte de corne longue et souple qui se tord avec la queue de l'un des dragons dont le corps est dissimulé derrière les dessins de la poignée, et semble ingénieusement ressortir par une des découpures de l'argent. Reste le troisième objet, dont la description est plus aisée, quoique la valeur artis- tique n'en soit pas moindre (fig.3). C'est une dague à courte et puissante lame triangu- laire, ayant 39 centimètres environ (l'extrême-pointe est brisée). La lame est large de 10 centimètres et demi à la base : elle aussi est évidée d'une large baie, dont les côtés moulurés sont parallèles aux siens, et où s'encastre, comme pour les autres armes, une lame de bronze découpé2. Le dessin de cette lame est très léger, et adroitement disposé pour remplir un espace triangulaire ; il se compose d'un bucrane occupant l'angle aigu du triangle et de trois ornements trilobés tangents deux à deux, l'un au centre de l'ouverture, le second et le troisième dans les deux autres angles. Ces deux derniers se complètent, en leur milieu par des pointes de piques, le premier par une fine pendeloque pointue. La poignée est formée, comme celle du glaive, par deux plaques d'argent qui s'appliquent par leurs bords à deux montants de bronze. Ces 1. M. Komero de Castilla dit que cette lame est en argent, comme celle qui est engagée dans la eopis. Je crois qu'il se trompe. 2. Ici encore M. Komero de Castilla a vu de l'argent.