Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

54 LA REVUE DE L'ART m'avertissent qu'à tant insister sur les « originaux », la place va me man- quer pour parler comme il conviendrait des traducteurs. Comment célébrer - en peu de mots leurs mérites '? Comment louer assez l'incomparable habileté des derniers survivants du bois de teinte, que la similigravure pousse jusque dans leurs derniers retranchements : les Crosbie, les Wolf, les Van de Put, les Vintraut, les Perrichon, les Dutertre ! Il faut voir le Por- trait d'homme de l'école allemande du XVe siècle, gravé par celui-ci : prodigieux ! un bois en manière de crayon : quand je vous le disais que la similigravure leur fait perdre la tête... Il faut voir aussi, dans une autre note," l'intelligente et libre traduction du Repos des bergers de Burnand, par M. Schmied : cela console. Et la souplesse merveilleuse des lithographes, — dont le nombre s'ac- croît toujours, hélas ! — comment la vanter assez: ce sont MM. Maurou, Huvey, Truphême,Delamain, Menin, Sauvage, Toupey (celui-ci féru des pri- mitifs français, qu'il interprète d'ailleurs avec talent), ce sont Mlles Gérard, Bellair et Vernaut, c'est M. J.-J. Tinayre, plus libre et plus hardi dans le Portrait de Berlioz de Courbet... Leur maîtrise à tous est incontestable et absolue la perfection de leur technique : on ne voit qu'un reproche à faire à la plupart d'entre eux. qui est d'avoir beaucoup plus de métier que de sentiment, et d'être aveuglés par les formules. La crainte de faire des fautes peut être le commencement de la sagesse, elle ne sera jamais le critérium du talent. Les graveurs au burin et à l'eau-forte y mettent plus de formes, témoin le triple envoi de M. Mayeur, déjà cité; et la plupart d'entre eux, plus indépendants de facture que MM. Didier et Annedouche, « treillageurs » classiquement ennuyeux, se préoccupent autant de l'esprit que de la lettre du texte qu'ils interprètent. Au burin, les exemples foisonnent.

pour en prendre de décisifs, on

renverra au pâle et glabre visage du Grand bâtard, de Bourgogne, ciselé par M. Burney; au Saint Georges terrassant le dragon, par M. C. Schùtz d'après Carpaccio, précis de dessin, mais heurté de valeurs; au Cavalier riant, de M. Vyboud, d'après F. Hals, spirituel et désinvolte comme il sied; au Vieillard lisant, que M. Delzers gravait naguère pour la Revue, d'après le Rembrandt offert au Louvre par M. Kaempfen. Un autre Rembrandt, Vénus et l'Amour, a été pour M. Serres un thème trop difficile : les barba-