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Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/77

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56 LA REVUE DE L'ART MM. Ch. Coppier et J. Jacquet se sont chargés de représenter l'auteur des Guides et de Dans le parc par deux estampes « à effet » d'après ces peintures. Il y a aussi des Meissonier à l'eau-forte, par M. Ruet notamment, mais ils disparaissent au milieu de ces planches de grand format, chères aux éditeurs anglais, et dont un habitué devine à première vue la signa- ture : ce Prince Ruppert de Bavière et son frère, d'après Van Dyck, est de M. Mathey-Doret, habile et correct; ce Marais, d'après Corot, est de M. C. Fonce; et ce Moulin, d'après Leader, de M. Boulard. M. Lopisgisch n'a pas eu tort de quitter les paysages pour l'intérieur du Philosophe en méditation de Rembrandt. M. Laguillermie accapare l'attention de toutes les visiteuses, grâce à la souplesse et au moelleux de son portrait de Mme Récamler d'après Gérard. On passe trop rapidement, au contraire, devant la sobre et sévère eau-forte de M. Le Couteux, d'après Agar et Ismaël de Cazin. Tout le monde n'a pas, comme M. Taverne, le goût de traduire avec brio la Salomé de Juana Romani; ni, comme M. Salles, le talent, de rendre avec esprit la Cage, de Lancret : témoin, M. Morte, par exemple, dont la Camargo dansant, d'après le même maître, est une bien lourde chose. Quelques chercheurs encore sont à tirer de pair : M. Pennequin, que tentent les procédés charmants des Demarteau ; M. Ed. Léon, qui grave en couleurs le Carlyle de Whistler ; enfin, M. Lequeux, qui s'est donné la difficile tâche de rendre une Maternité de Carrière entièrement à la pointe sèche, et qui s'en est tiré à son honneur : celui-ci non plus n'a pas que du métier. Quant à M. Focillon, son Hommage à Delacroix, d'après Fantin-Latour, qui lui vaut, cette année, la médaille, d'honneur, mérite d'être loué haute- ment pour la largeur avec laquelle il a traité sa planche, pour la savante recherche des valeurs et pour l'étude pénétrante des physionomies ; une seule chose manque à ce bel ensemble pour qu'il soit complet, c'est l'atmosphère, ce je ne sais quoi d'impondérable, plus facile à ressentir qu'à exprimer, et qui achève de donner à une oeuvre d'art la vie. EMILE DACIER