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Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/94

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LA RENAISSANCE ET SES ORIGINES FRANÇAISES 71 cutée une belle cuve sépulcrale- que nous admirons dans la cathédrale de, Saint- Pierre de Lisieux. Je crois qu'on chercherait vainement à cette date, autre part, en France, en Provence, en Italie, un monument similaire 1. Si, enfin, quittant les frontières de la France actuelle, niais restant cependant dans les limites du Voyage de deur religieux bénédictins, qui. pour le moyen âge, sont en réalité celles du domaine, dans lequel rayonnent tous les artistes de la Gaule, nous poussons jusqu'à Brunswick, il nous sera permis de relever, dans l'église de Saint-Blaise, des fresques d'une personnalité déjà bien étrangement surprenante, très accusée, dont assurément aucun Italien n'approche et qui portent une signature aussi humble que modeste (fig. 6), que nous traduirons ainsi : «  Sachez tous que c'est Jehan le Français qui a peint ces murailles. Demandez à Dieu qu'il lui permette de vivre à Brunswick, Jean Wale Peter. — Si je savais aussi bien donner la vie aux corps que je sais les dessiner, je mériterais à bon droit de m'asseoir à côté des dieux ». Jehan le Français Vivait vers 1145. C'est tout ce que nous savons de lui. Mais n'est-il pas absolu- ment surprenant de décou- vrir ainsi, après sept cent cinquante ans d'oubli, un nom, pourtant bien visible, devant lequel tant de géné- rations ont passé sans jamais songer à le lire. Bienheureux qu'on ne le nie pas ! C'est assurément FIG. 6. SIGNATURE DE JEAN LE FRANÇAIS SUR UNE FRESQUE DE L'ÉGLISE SAINT-BLAISE A BRUNSWICK. le plus vieux primitif2 français dont on ait jusqu'ici relevé la signature. Il est d'autres oeuvres, plus anciennes encore, de sculpture par exemple, où nous pouvons retrouver le « regard heureux ». C'est d'abord la Vierge de Pommiers, que publiait dernièrement M. de Lasteyrie dans les Monuments Piot, et que voici (fig. 1). Elle était au-dessus de la porte d'entrée de l'ancienne église de Notre-Dame de Pommiers, quand Millin la découvrit en 1808. 1. Quoique aucun nom ne soif inscrit sur le tombeau, il ne saurait, je pense, être possible d'ad- mettre là aucune confusion, lin seul évêque de Lisieux fut enterré à Saint-Pierre pendant le XIIe siècle. La Gallia nous apprend que Foucher (1101 1106) mourut à Rome; que Jehan Ier mourut en 1140 à Lisieux,et fut enterré à Saint-Pierre, dans le transept nord, où se trouve d'ailleurs le tombeau dont nous parlons, qu'Arnoul enfin (1140 1180) mourut à Saint-Victor de Paris où il fut enterré. 2. Il s'agit ici d'un peintre; on ne saurait donc contester le terme de primitif dont je me sers.