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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/104

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translation des cendres du général hoche.

essayer d’en retracer la physionomie, d’en fixer en quelque sorte toutes les minutes, tant elle nous parut grande et par son inspiration et par le spectacle même qu’elle a présenté.

Au moment où, après quelques jours de maladie, Hoche succombait, à Wetzlar, emporté par une affection banale, un refroidissement négligé, il disparaissait en pleine gloire. C’était l’heure où il venait de prendre le commandement en chef des deux armées de Sambre-et-Meuse et de Rhin-et-Moselle, réunies sous le nom d’armée d’Allemagne. Cette mort, qui privait la France d’un chef dans lequel elle mettait ses plus vives espérances, fut un véritable deuil public : elle jeta la consternation dans les rangs de l’armée. La douleur et la piété des soldats de ce général en chef de vingt-neuf ans se traduisirent sous les formes les plus touchantes.

Avant que fût préparé un monument digne de le recevoir, ils voulurent que, pour ne pas rester seul dans son éternel sommeil, il allât reposer auprès de Marceau, qui, tué à Altenkirchen en 1796, avait été inhumé sur le Pétersberg, près de Coblence.

C’est ainsi que, le cinquième jour complémentaire de l’an v de la République, la route de Wetzlar avait vu se dérouler le cortège accompagnant le jeune héros jusqu’au Pétersberg, première étape de ce voyage que le cours du temps imposera à sa dépouille mortelle. Cérémonie toute militaire, dont la description nous paraît intéressante à reproduire au moment où il nous a été donné, à nous aussi, de suivre sur une autre route d’Allemagne, et à plus d’un siècle de distance, le cercueil de notre grand concitoyen[1] :

« Une petite avant-garde de hussards, six pièces d’artillerie avec leurs canonniers, une compagnie de grenadiers, une musique militaire… Le char sur lequel était porté le cercueil, drapé en noir ainsi que les six chevaux qui le conduisaient, est décoré de deux étendards tricolores. Ce char était accompagné de deux aides de camp du général et de deux adjudants généraux à cheval aux quatre coins, et suivis chacun d’un guide à cheval portant une torche allumée. La compagnie de grena-

  1. Nous l’empruntons à Rousselin de Saint-Albin, le premier biographe de Hoche, cité par le capitaine breveté Ernest Cunéo d’Ornano, à la page 345 de son ouvrage Hoche, édité en 1892, par la Librairie militaire Beaudoin et Cie, 30, rue et passage Dauphine, à Paris.