Aller au contenu

Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
199
une lettre de ducis à larive.

que ce comédien est regardé à Paris comme très médiocre par beaucoup de gens. »

Larive avait successivement créé, le 13 août 1777, L’Amant bourru, de Monvet, le 4 décembre 1778, Œdipe chez Admète, de Ducis, et enfin, le 2 juin 1783, Pyrame et Thisbé, scènne lyrique dont il était l’auteur[1]. Les Mémoires secrets prétendent que sa femme y avait apporté une grande part de collaboration et ajoutent « que ceux qui les connoissent assurent qu’elle a beaucoup plus d’aptitude que son époux aux productions de l’esprit ». Entre temps, le 29 avril 1780, il avait repris, avec le plus grand succès, dans La Veuve du Malabar, le rôle du général français, qui avait été créé par Molé.

Le 1er novembre 1779, ayant eu à souffrir de la jalousie de Monvel et de Pontheuil, Larive avait voulu quitter la Comédie ; il resta néanmoins, et c’est Pontheuil qui se retira le 1er juillet 1780.

En août 1781, un incident assez grave se produisit entre Larive et son camarade Florence, à l’occasion de la reprise de Caliste, tragédie de Colardeau, dont la première représentation avait eu lieu à la Comédie, le 12 novembre 1760. Nicolas Rowe, auteur anglais, avait fait représenter avec succès à Londres, en 1703, sous le titre de La Belle Pénitente (Fair Penitent), une comédie dont une première adaptation fut représentée le 27 avril 1750, et dont l’auteur ne s’était pas fait connaître ; selon les uns, c’était l’abbé Séran de la Tour ; selon les autres, c’était le marquis de Mauprie, qui, du reste, avait assisté à toutes les répétitions. C’est ce sujet qui avait été repris par Colardeau.

Le rôle de Montalde était tenu par Nicolas-Joseph Billot de Laferrière, dit Florence. Ce dernier, né à Lezy, en Normandie, en 1752, avait débuté à la Comédie-Française le 21 janvier 1777, sous le nom de Reymond, et pris celui de Florence le 7 août 1778. « Le 19 août 1781[2], le sieur Florence, disent les Mémoires secrets, tardoit à venir ; le sieur Larive, semainier, envoie le faire avertir et exciter sa paresse ; celui-ci n’en tient compte, répond impertinemment au messager, et, à son arrivée, gour-

  1. Pyrame et Thisbé, scène lyrique, Paris, 1784, in-8o ; réimprimé en 1791, chez Prault, in-18.
  2. Il y a évidemment là une erreur. Comme on le verra plus loins, la scène a dû se passer le jour de la reprise, le 11 août, puisque la nouvelle provocation de Florence eut lieu le 14.