Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200
une lettre de ducis à larive.

mande le sieur Larive et lui met le poing sous le nez, ce qui occasionne une rixe entre eux sur la scène même ; ils étoient habillés, ils tirent leur sabre de théâtre et se battent dans l’enfoncement ; les spectateurs crurent que c’étoit un jeu de leur rôle et ne se pressèrent de les séparer que lorsque l’on vit que c’étoit sérieux. » Larive jouait le rôle de Lothario.

M. Funck-Brentano, dans son ouvrage intitulé : La Bastille des Comédiens, le For-l’Évêque[1], ajoute que les deux adversaires ne se quittèrent qu’après s’être jeté un rendez-vous derrière les Champs-Élysées. Averti, le lieutenant de police les fit venir s’embrasser devant lui, promettre qu’ils ne se battraient pas. Procédure coutumière vis-à-vis des gentilshommes en projet de duel. Florence n’en fut pas moins trouver Larive, dès le 14 août, chez lui, à huit heures du matin, pour renouveler son cartel. « J’ai engagé ma parole au magistrat, dit Larive, et je la tiendrai. » Florence sortit. Il guette son camarade dans la rue : « En garde ! » Il avait tiré son épée, mais Larive dit encore « qu’il avait donné sa parole et ne se battrait pas ». Ces faits sont en partie connus par l’interrogatoire que Florence subit au For-l’Évêque, dans la chambre du concierge, le 21 août 1781. Il resta en prison une dizaine de jours.

L’interrogatoire de Florence, que publie Campardon, donne de l’incident une version un peu différente ; on voit toutefois que la police n’était pas tendre pour les comédiens[2].

Le 16 juin 1783, Larive crée le rôle de Philoctète, dans la tragédie de La Harpe, et, peu après, il fait une assez grave maladie qui dure plusieurs mois. Il reparaît sur la scène le 19 novembre, dans le rôle de Philoctète, où il obtint le plus grand succès[3].

Le 2 mars 1784, il crée le rôle de Coriolan, de La Harpe, et, pour récompenser ses nombreux services, le roi lui accorde une pension de 1, 000 livres.

La grande situation que Larive avait fini par acquérir à la Comédie-Française ne lui faisait oublier ni la province, ni l’étranger, où ses voyages étaient très nombreux, bien qu’il y

  1. Page 233.
  2. Émile Campardon. Les Comédiens du Roi de la troupe française pendant les deux derniers siècles, page 105.
  3. Correspondance de Grimm, tome xiii, page 431.