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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/298

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le site et la croissance de versailles.

Berthier[1]. Ses rues larges et paisibles, dont les noms rappellent la Cour de Louis xvi[2] et où, aujourd’hui encore, les jardins sont si nombreux et les boutiques si rares, dessinèrent un réseau un peu moins régulier que celui des anciens quartiers ; c’est qu’on traça le boulevard de la Reine parallèlement à la rue Neuve, limite de l’ancien étang, et non à l’avenue de Paris ; le boulevard du Roi, qui restait fidèle à l’ancienne direction de la façade du Château, coupa obliquement le boulevard de la Reine ; le nouveau quartier dessina un parallélogramme au lieu d’un rectangle, et les rues adoptèrent des directions légèrement divergentes pour concilier les deux directions des artères principales de l’ancien et du nouveau quartier. Celui-ci, vers l’est, ne dépassa pas la rue de l’Étang (Duplessis), prolongée au nord, mais très peu habitée[3] ; quant à l’emplacement du parc de Clagny, il ne reçut alors que quelques constructions sur sa bordure méridionale, le couvent de la Reine, aujourd’hui Lycée Hoche (1767-1772) et quelques maisons, rue de Provence et avenue de Saint-Cloud.

Les progrès de Versailles au xviiie siècle s’étaient donc faits vers le sud, puis vers le nord. Du côté de l’ouest, le Château interdisait toute extension de la ville ; vers l’est, on se heurtait à la butte Montbauron et au village de Monreuil. Sans doute, en 1789, Louis xvi réunit ce village à Versailles, mais c’était moins pour agrandir la ville que pour augmenter le produit de l’octroi, et cette annexion ne changeait pas la physionomie de Montreuil, village de jardiniers et de guinguettes, dont les maisons n’étaient vraiment serrées qu’autour de la rue de Montreuil, axe de l’agglomération ; plus loin, elles s’éparpillaient vers Viroflay, le long de chemins sinueux, sans aucun plan. À vrai dire, ce n’était pas un nouveau quartier, à peine un faubourg d’aspect très rural et fort mal relié au reste de la ville. C’est tout juste si le déplacement, en 1770, de l’église et du cimetière, rapprochés des lisières de Viroflay vers celles de Ver-

  1. Le plan était tracé plus loin, jusqu’à la rue des Missionnaires, où l’on recula, en 1777, le cimetière Notre-Dame, mais cette partie était à peu près déserte
  2. Rue Sainte-Sophie, Sainte-Victoire, Sainte-Adélaïde, de Mademoiselle, d’Angoulême, de Mouchy, de Savoie, d’Angiviller, de Beauvau.
  3. Mme Gourgaud, mère du général, était effrayée d’y demeurer à la hauteur de la rue Remilly ; le quartier était alors aussi désert que l’est actuellement l’extrêmité nord du plateau de Glatigny.