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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/311

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augusta holmès.

mériterait de l’être[1]Ils se font, en général, remarquer par une facture habile et une forme plastique, dans la note parnassienne. On en pourra juger par un sonnet inédit dont le manuscrit figure à la Bibliothèque de Versailles, parmi les papiers à nous légués par la musicienne poète :

L’ombre à notre faiblesse ajoute sa langueur ;
Tristes, les pieds meurtris et les mains déchirées,
Nous marchons ; désirant de lointaines contrées,
Très lasse, j’ai posé ma tête sur ton cœur.

Nous subissons le froid amer et la rigueur
Des ouragans armés de grêles acérées ;
Les vents, rudes seigneurs des noires empyrées,
Hurlent à notre oreille un lamentable chœur.

Mais, vois ! Dans le miroir du songe et des présages,
Là-bas, un couple heureux qui porte nos visages
S’élève, — oh ! méprisons les pierres du chemin ! —

Ils ont franchi les rocs, et la neige, et les âges.
— Montons ! — Ils ont conquis — oh ! donne-moi la main ! —
La cime lumineuse au delà des orages !…

Revenons, après cette petite digression, qui n’est en somme qu’un chapitre de notre sujet, à l’énumération des maîtres dont Augusta Holmès subit l’influence ou du moins admira le génie.

Elle s’enthousiasma pour la musique de Wagner. Elle le connaissait surtout littérairement par Baudelaire, mais musicalement aussi par Saint-Saëns. C’était le temps où l’auteur de Germanophilie s’écriait d’enthousiasme, au sortir des représentations wagnériennes : « Sommes-nous heureux d’être au monde

  1. M. Croze semble en parler à bon escient. Je n’ai pu toutefois découvrir les poèmes auxquels il fait allusion. Mlle Marie Huet, à qui il devait ceux qu’il a publiés, me déclare n’en pas posséder d’autres et m’assure au contraire qu’en dehors des pièces à mettre en musique, Augusta n’a pas laissé « de poésie à proprement parler ». — Mlle Huet a bien voulu me donner d’ailleurs, sur sa façon de composer les vers qu’elle destinait — ou non — à la musique, quelques détails qu’on ne lira pas sans intérêt : « Les vers, disait-elle, chantent dans ma tête et j’écris ma mélodie. » Et Mlle Huet ajoute : « Généralement, elle avait le travail facile, mais quand, parfois, une phrase musicale ou même un mot ne rendrait pas sa pensée, ainsi qu’elle le voulait, elle ne se contentait jamais jusqu’à ce qu’elle arrivât à l’expression exacte, dût-elle, pour cela, travailler jour et nuit. »