Page:Revue de l’Orient et de l’Algérie, tome 2.djvu/393

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vent à côté de leur maison un magasin où ils mettent leurs marchandises et où ils fument et boivent de l’arac avec leurs amis. Il y a parmi eux d’honnêtes femmes qui ont la liberté de voir le monde, d’aller en compagnie et même en festin, mais elles sont assises à part et vis-à-vis de leurs maris. Les Corésiens n’ont guère d’autres meubles que les plus nécessaires. On trouve partout quantité de cabarets et de maisons de récréation où les Corésiens vont voir des femmes publiques qui dansent, chantent et jouent des instruments. L’été, ces sortes de divertissements se prennent à la fraîcheur des bois et sous des arbres fort touffus. Il n’y a pas de lieux affectés spécialement aux passants et aux voyageurs ; mais celui qui voyage va s’asseoir où la nuit le prend auprès de la palissade de la première maison qu’il rencontre, et là, quand bien même ce ne seroit pas la demeure d’un grand, on lui apporte toujours suffisamment de riz cuit et de viande préparée pour souper ; il pourroit ainsi s’arrêter successivement à plusieurs maisons, et il y trouveroit le même accueil. Cependant sur le grand chemin de Sior, on trouve des logis où l’on donne à coucher et à manger à ceux qui voyagent pour le public, lequel en fait la dépense.

Les Corésiens ne peuvent se marier entre parents qu’au quatrième degré ; ils ne savent ce que c’est que de se faire la cour, parce qu’on les marie dès l’âge de sept ou huit ans, et qu’à partir de ce moment, les filles entrent dans la maison de leur beau-père, à moins qu’elles ne soient filles uniques. Elles demeurent donc chez leur beau-père jusqu’à ce qu’elles aient appris à gagner leur vie ou à conduire un ménage. Le jour où un homme se marie, il monte à cheval accompagné de ses amis, et, après avoir fait le tour de la ville, il s’arrête devant la porte de sa fiancée ; il est fort bien reçu par les parents qui prennent la mariée et la mènent chez lui, où les noces se célèbrent sans autre cérémonie. Bien qu’une femme ait donné plusieurs enfants à son mari, il peut la répudier quand il lui plaît et en prendre une autre, mais la femme n’a pas le même privilège à moins que le juge ne l’ordonne. Un homme peut entretenir autant de