des langues grecque, latine, persane et germanique. Il fut le prodrome d’une œuvre plus vaste et qui acheva de faire de tous les linguistes contemporains autant de disciples enthousiastes du célèbre professeur. Entrant résolûment dans les voies que Jacques Grimm avait ouvertes à la constatation des lois qui régissent les variations phoniques, M. Bopp publia, de 1883 à 1837, sa Grammaire comparative du sanskrit, du zend, du grec, du latin, du lithuanien, de l’esclavon, du gothique et du tudesque (ancien-haut-allemand).
Avant l’apparition de ces ouvrages, on connaissait déjà l’affinité de la langue sacrée des Brahmanes avec le zend, le grec, le latin, le gothique et les autres langues que l’on appela successivement indo-germaniques et indo-européennes. Après un examen comparatif de leurs idiomes, le P. Cœurdoux, en 1767, avait conclu à la parenté originaire des Hindous, des Grecs et des Latins. En parlant des variétés d’une même langue commune à ces trois peuples, William Jones avait dit en 1786 : « Aucun philologue, après avoir examiné ces trois idiomes, ne pourra s’empêcher de reconnaître qu’ils sont dérivés de quelque source commune qui peut-être n’existe plus. » En 1798 et 1802, Jean-Philippe Wesdin, en religion Fra Paolino da San Bartolomeo, avait publié deux traités sur l’affinité du sanskrit, du zend, du germanique et du latin. Enfin, l’Europe lettrée avait lu, en 1808, le livre de Frédéric Schlegel Sur la langue et la sagesse des Hindous, œuvre remarquable que domine cette grande et féconde idée de l’unité originaire des langues de l’Europe et de l’Inde.
Démontrer l’identité primitive des langues indo-européennes n’était donc pas le but de M. Bopp. Il partait au contraire du fait évident de leur unité radicale