fin, le principal reproche à faire à ce livre c’est sa conclusion bizarre : « Tout persuadé qu’est l’auteur que la langue basque est digne de l’attention des savants, jamais il n’a dû la croire digne d’occuper les loisirs précieux d’un ecclésiastique : comme tel, il n’a pas dû oublier un instant que sa profession l’attachait, d’une manière très spéciale, à l’œuvre de son père : In his quæ patris mei sunt oportet me esse. N’eût-il entrepris ce petit essai que pour oublier les chagrins de la vie ou pour se délasser de ses fatigues journalières, il ne serait pas sans reproche si cet objet étranger eût parfois captivé son attention avec quelque détriment du véritable devoir. Plaise au ciel qu’il ne lui soit pas demandé compte d’un temps qu’il eût bien mieux employé à pleurer ses fautes, à chercher les hommes qui s’égarent, à étendre le royaume de Dieu parmi ses frères et dans son cœur ! »Avec de pareilles opinions, il ne fallait pas écrire de livre et encore moins envoyer de mémoire à l’Institut.
Après lui, un autre Basque, M. Chaho, a écrit sur sa langue maternelle. Il a exposé le résultat de ses recherches dans ses Études euscariennes (Paris, 1836), et dans l’introduction de son Dictionnaire quadrilingue basque, français, espagnol et latin (Bayonne, 1856). Il a paru de ce dernier ouvrage seulement 360 pages, allant jusqu’au mot fornizer de la première partie qui devait donner la liste des mots empruntés par le basque au latin et à ses dérivés. M. Chaho trouve une déclinaison de dix-huit cas, auxquels il a la bonne idée de ne pas donner de noms ; il expose l’ensemble de la conjugaison, mais très confusément : on parcourt avec peine ces longues listes de modifications verbales non classées ; il n’admet d’ailleurs qu’un seul verbe, le verbe nis « être » ; pour lui le verbe avoir est dérivé du verbe être : par exemple, dut est formé de da « il est, » de hura « il » et de t, signe du pronom de la première personne ;