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de la troisième personne n’est pas exprimé : on dit dans la Soule : hamar ardi ikuçten dut « je vois dix brebis » (partout ailleurs il faudrait dire ikuçten ditut « je les vois » ) ; mais ici ardi est indéfini ; or l’indéfini ne saurait avoir de pluriel, c’est une sorte de nombre particulier. D’ailleurs, il faudrait, dans l’opinion de M. Inchauspé, croire que les syllabes ésa de désaket « je peux l’avoir » sont une intercalation euphonique, et cependant l’existence de l’impératif bésa « qu’il ait, » où le b représente le pronom nominatif de la troisième personne (cf. béré, son, sa, ses) nous montre que ésa est un radical, car il ne saurait y avoir là d’addition euphonique, De même, l’impératif bis « qu’il soit » nous donne le radical de nis « je suis ; » bekuç « qu’il voie, » celui de dakuçt « je vois, » etc.

Les verbes simples n’ont que très peu de temps : cela prouve, dit M. Inchauspé, que ce ne sont pas les vrais verbes basques ; je ne crois pas cette preuve concluante : est-il probable, en effet, que le verbe basque ait toujours été aussi complexe qu’il paraît l’être actuellement ? Si les verbes simples, m’a dit encore M. Inchauspé, étaient les vrais verbes basques, ces formes auraient dû se conserver pour les verbes les plus usuels. Nullement, car les verbes les plus usuels ont dû être atteints les premiers par la modification qui a produit le verbe périphrastique ; dans votre théorie, d’ailleurs, les formes simples étant une abréviation commode, les verbes les plus usuels auraient dû se contracter les premiers. Cet argument ne prouve donc rien. En fait, les verbes simples expriment des actions principales : voir, aller, marcher, venir, rester, tirer, emporter, etc. Il est inadmissible enfin que la forme simple soit une corruption de la forme composée.

Les verbes simples sont assez usités dans le Gipuskoa, moins dans le Labourd et très peu dans la Soule. Dans le Labourd néanmoins il existe, paraît-il, un assez grand