nombre de formes simples isolées ; on dit, par exemple, déracha, « il jase ; » séracha, « il jasait ; » — démat, « je le donne, » sémoten, « il le donnait. »
M. Larréguy, curé de Saint-Pée-sur-Nivelle, de qui je tiens ces renseignements, l’un des Labourdins qui savent le mieux leur langue, m’a cité encore les expressions derrat, « je le dis ; » — séroen, « il disait ; » — déro, « il le dit (dixit) » et l’on pourrait expliquer les formes actuellement en usage diot, dio (je dis, il dit), que M. Inchauspé dérive du latin dicere, par la suppression de l’r et les transformations euphoniques des voyelles, variables avec les diverses localités. Dans le langage usuel, j’ai plusieurs fois remarqué de pareilles suppressions de l’r doux, remplacé alors par une aspiration faible : diré par exemple (ils sont) est prononcé dié ; norat (où), noat. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler ici que les Tamouls de Madras disent kîê pour kîjê, kîlê ou kîré « sous » (on sait qu’en tamoul le son des cérébrales, selon qu’on les prononce plus ou moins grassement, peut osciller entre le d, le t, l’n, le j, l’l ou l’r).
Pour en finir, je ferai remarquer que tous les verbes simples, actifs ou neutres, sont de la même forme que l’auxiliaire dut « avoir, » à l’exception de quatre (nago « je reste ; » nathor « je viens ; » nabila « je marche, » et noa « je vais » ), qui semblent calqués sur l’auxiliaire nis « être. » En résumé, je suis donc de l’avis d’Oihenart, de Humboldt et de M. Van Eijs : le basque a un verbe simple comme toutes les autres langues, et j’ajoute que cette forme simple doit être primitive, c’est-à-dire antérieure à la forme périphrastique actuellement la plus employée.
Toute la théorie de M. Inchauspé sur le verbe basque est artificielle. Est-il, en effet, possible d’admettre que nis et dut ne soient que les deux voix d’un même verbe, le seul de la langue, dont le radical serait insaisissable, et qui signifierait