quatorze adversaires. Dante aussi restera imbu de nos vieux maîtres et l’on dressera la liste de ses gallicismes. Avide de richesses encore inconnues, l’Italie analyse, traduit, commente nos vieux modèles, et, comme le dit Génin, pendant plus de trois cents ans, les chroniques françaises mettent en fermentation le génie italien. Au xvie siècle, c’est encore à nos vieux poètes de la première France littéraire que l’Arioste, ne trouvant pas dans sa patrie d’époque poétique contemporaine à celle des trouvères et des troubadours, demande ce que là seulement il peut rencontrer. Non content d’admirer, il veut faire partager son admiration et traduit les chefs-d’œuvre de nos pères, ces monuments que la France bientôt méconnaîtra honteusement, et que le goût si vanté du xviie siècle regardera comme les produits d’une barbarie grossière.
Ainsi l’italien, l’espagnol, au moment qu’ils apparaissent, sont presque ce qu’ils se trouvent encore aujourd’hui, aux yeux du grammairien. Ces deux branches romanes, dans leurs productions, laissent à nos études un vide de quatre ou cinq cents ans. Rien de semblable dans les Gaules, mais bien deux langues d’une prodigieuse fécondité littéraire, deux langues intermédiaires par leur forme, sans doute, mais soumises, comme tout ce qui a vécu, comme tout ce qui vivra, aux lois les plus constantes.
Si nous nous adressons à l’une de ces tiges heureuses, nous apercevons bientôt que la grande et distinctive caractéristique des trois états d’évolution, latin, langue d’oïl, français actuel, par exemple, est la déclinaison. Le latin a jusqu’à sept cas, la langue d’oïl en a deux, le français moderne est dénué de suffixes casuels. On voit dès lors quel est cet état intermédiaire que ne possèdent