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ni l’italien ni l’espagnol. L’italien, par exemple, a sept cas ou point de cas : sept si vous le considérez dans sa forme improprement dite typique, à savoir le latin, point de cas dans sa forme spécialement dite italienne. En un mot, dans les langues romanes, le premier état est tout synthétique ; le second, état intermédiaire et qui n’appartient littérairement parlant qu’à la France, est moitié synthétique, moitié analytique ; le dernier est complètement analytique,

La manifestation de cette synthèse c’est la flexion par suffixe, le cas : l’absence de cette analyse c’est le non-usage de l’article ; voilà pour le premier état. L’apparence de synthèse, jointe à l’apparence d’analyse, consiste dans la présence simultanée de l’article et de deux cas ; voilà pour l’état intermédiaire. La manifestation d’analyse, c’est l’article indispensable ; l’absence de synthèse, c’est le cas perdu ; voilà pour le dernier état, affecté à l’heure qu’il est par les langues novo-latines.

M. Littré consacre une section toute spéciale de son ouvrage à démontrer la régularité de la langue d’oïl dans l’emploi de ses deux cas. Les exceptions en effet n’existent pas : du moment que la règle vous paraît infirmée, et cela ne se présente qu’à une époque voisine de la renaissance, tenez pour certain que la langue d’oïl fait place au français moderne. Il y a naturellement quelques années d’hésitation, le cas apparaît puis disparaît, revient puis cède encore ; mais ce n’est là qu’un état passager et la crise ne saurait persister. Il en est ainsi de tout organisme : nul ne se pourrait perpétuer dans une passe critique, il succombe ou franchit. Or, au xve siècle, le français n’hésitait plus ; il était bien fixé ; la flexion casuelle avait disparu. Mais hélas ! le plus redoutable des malheurs frappa, à cette époque, notre pauvre langue, je