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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 12.djvu/113

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une dissertation sur le sens étymologique du mot Rapithvan, Eugène Burnouf ajoute : « Je ne vois pas clairement le rapport qui peut exister entre un radical signifiant se réjouir et le génie du midi ». Ce rapport est clairement indiqué par ce passage de l’Afrighan III, qui montre que pour les Éraniens le midi était la région des terres fertiles, de l’abondance, de la prospérité et de la joie.

De l’ensemble de ces considérations on peut déjà conclure que l’Airyana vaeja doit être cherchée au-delà de la Sogdiane, c’est-à-dire au-delà de l’Iaxarte. L’emplacement assigné par certains auteurs au 16e lieu, créé par Ormuzd, pourrait seul être invoqué contre notre croyance à la marche constante vers le sud de la conquête éranienne ; mais nous allons montrer, par les textes mêmes de l’Avesta, que ces auteurs se sont trompés en déterminant comme ils l’ont fait la position de ce lieu.

Ce 16e lieu est la région de la Rànha, dans laquelle Spiegel a cru reconnaître l’Iaxarte, de Harlez l’Oxus, et Windischmann l’Indus. Mais, ainsi qu’Anquetil du Perron l’a fait observer dans sa traduction du Zend-Aventa, l’arménien Moïse de Chorène a dit dans sa Géographie que la région de la Rânha était cette partie de l’Assyrie qui confinait à l’Arménie, et l’étude des textes zends va lui donner raison.

Parmi les nombreux renseignements que l’Avesta donne sur la Rânha, notons d’abord celui du yesht xx, verset 4, où Zoroastre dit au roi Vistaçpa : « Domine sur la Rânha, si large à traverser, comme Vafrô navaza », ce qui indique que la Rânha était le plus considérable ou tout au moins l’un des plus considérable des fleuves connus des Éraniens contemporains de Zoroastre.