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Aux yeshts xiv, 29, et xvi, 7, la Rânha reçoit deux fois l’épithète « aux rives éloignées ». Celle épithète, copiée dans la traduction de Harlez, aurait dû faire voir à cet auteur que la Rânha ne peut pas être l’Oxus, puisqu’il reconnait comme tout le monde que les textes zends ont été composés dans l’empire bactrien, traversé par l’Oxus.

Dans le yesht v, 60-67, Vafrô navaza, averti d’un péril par la voix de son souverain Thraetaona, parvient à regagner ses domaines, situés sur les rives de la Rânha, où il offre un sacrifice à la déesse Ardwiçura anàhila, pour la remercier de sa délivrance. Harlez en conclut, dans une note relative à ces versets, que cette circonstance vient à l’appui de sa croyance à l’identité de la Rânha et de l’Uxus, alléguant que Vafrô navaza venait de combattre dans le nord. Mais c’est une erreur manifeste, puisqu’ici Vafrô navaza est averti du danger par Thraelaona, et que, d’après le même yesht v, versets 28-31 el."i2— ; 3G, Thraelaona venait au contraire de combattre Dahâka, qui est formellement désigné dans le texte comme un roi de Babylone. Il est vrai que le membre de phrase dans lequel Dahâka est représenté comme un roi de Babylone manque dans la traduction de Harlez ; mais il est évident que cet auteur avait traduit ce passage, qui doit être tombé à l’impression, puisqu’il insiste sur son véritable sens dans une note. Le yesht v porte donc déjà à croire que la Rânha traversait une province éranienne limitrophe de l’Assyrie ; et cette opinion est confirmée par un texte du yesht x, dont notre ami, M. Léon Rodet, nous a signalé toute l’importance pour la solution de la question qui nous occupe.

Voulant indiquer que Mithra embrasse toute la terre,