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et couverts de neiges éternelles. Cette chaîne de montagnes renferme des mines d’or, d’argent, de plomb, de cuivre, de fer, de soufre et de sel ; ses forêts fournissent des bois de construction ; ses nombreuses vallées et les plaines situées à sa base sont d’ailleurs très-fertiles, riches en pâturages ; enfin la faune et la flore de ce pays sont celles que les Aryas ont connues avant de commencer leurs grandes migrations, ce qui achève de satisfaire à toutes les conditions exigées pour qu’on puisse identifier cette contrée avec l’Airyana vaeja.

Sans entrer dans des détails sur sa flore et sa faune, nous ferons seulement observer que les Aryas ayant connu le tigre, les savants auraient hésité, il y a une cinquantaine d’années, à admettre que ce peuple est originaire des pentes occidentales de l’Alatau ; mais les renseignements suivants, fournis par un témoin oculaire, sont venus confirmer ceux de la philologie comparée : « Les monts Alatau, élevant leur cimes bien au-delà de la zone des neiges éternelles, et plongeant leurs racines dans des plaines basses où il n’est pas rare de voir, en été, le thermomètre monter à 50 degrés, ont une faune des plus variées. A leur base, le tigre, le vrai tigre, prélève de nombreuses contributions sur les troupeaux des nomades ; dans les anfractuosités de leurs vallées élevées, l’ours du nord épie ces mêmes troupeaux, lors de leurs migrations, et à leur défaut, chasse l’argali et le cerf[1]. »

Les monts Alatau sont donc le Hara barezaiti, que

  1. T.-W. Alkinson, Voyage sur les frontières russo-chinoises et dans les steppes de l’Asie centrale, en 1848-1854, traduit dans Le Tour du Monde, t. VII, 1863, p. 376.