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Esprit sous la figure d’une colombe, et que la légende dorée et les chansons de geste fourmillent d’histoires aussi ridicules.

Peu nous importe que Yima ail été d’abord un phénomène naturel devenu dieu, puis roi, ou que ce soit un homme devenu dieu, comme on en a vu tant d’exemples depuis moins de deux mille ans, à Rome et ailleurs. En admettant même comme incontestablement démontré que Yima est un phénomène naturel divinisé, puis transformé en roi par les légendes, on n’aurait pas le droit d’en inférer qu’il n’y a rien d’historique dans quelques-uns des actes qui lui sont attribués. Les anciens Égyptiens ont placé sous le règne de quelques-unes de leurs divinités, Ptah, Osiris, Horus, etc., les actes qu’ils ont accomplis pendant les périodes théocratiques de leur histoire ; malgré la différence des temps, en 1611, le protestant Jacques Bongars a intitulé Gesta Dei per Francos, son recueil de chroniques sur les croisades, souvent cité à cause de la sublimité de son titre, disent les biographes ; et jusqu’à nos jours, certains historiens n’ont vu, dans l’histoire de l’humanité, rien autre chose que l’action continue de la providence faisant manœuvrer les hommes comme des pantins, ce qui explique suffisamment comment les anciens Éraniens ont pu attribuer à Yima, même considéré comme divinité, les actes qui ont marqué les premiers développements de leur puissance et leur passage de la vie nomade à la vie sédentaire. C’est d’ailleurs uniquement de ces faits, et non des combats d’Yima et de Dahâka, que le deuxième chapitre du Vendidad va nous entretenir.

Ajoutons que c’est du reste par métaphore que, à