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pitre du Vendidad. Ce qui prouve que Yima doit s’être avancé au moins jusque-là, c’est qu’il finit par être battu par Dahàka (yesht xix, 40), lequel était roi de Babylone ou d’Assyrie (yesth v, 28-31) ; que le roi éranien Thraetaona, le vainqueur de Dahâka, est né à Varena (Vendidad, i, 67-71, et yesht v, 32-30), et que toutes les gloses s’accordent, soit à placer Varena au sud de la mer Caspienne, soit à l’identifier avec Kinnan, ce qui revient au même.

Enfin, pour se rendre un compte exact de la façon dont Yima se servit du çufra et de l' astra chaque fois qu’il arriva sur la frontière ennemie, il faudrait savoir au juste ce qu’étaient ces deux instruments, c’est-à-dire quelles étaient chez les anciens Éraniens les deux armes insignes de l’autorité royale et de l’autorité militaire. Il est néanmoins assez vraisemblable que le çufra était un vrai sceptre ou bâton de commandement dont Yima pressait, c’est-à-dire touchait le sol ennemi en signe de prise de possession, puisque l’une des acceptions attribuées au verbe aibhishvat du verset 25 est « pressait. » Yima lançait très-probablement l' astra, insigne du guerrier éranien, sur le territoire ennemi, en signe de déclaration de guerre, car le verbe çifat du même verset 25 signifie « perçait ; » et l’on sait que le fécial romain lançait une javeline sur le territoire ennemi pour déclarer la guerre. On sait aussi qu’en débarquant sur les côtes d’Asie, Alexandre y lança son javelot, qui se fixa en terre (Diodore, xvii, 17 ; Justin, xi, 5). et qu’au moment de franchir l’Hellespont Xercès y lança un glaive perse appelé acinacès, après avoir demandé au soleil la conquête de l’Europe (Hérodote, vii, 54).