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En résumé, dans plusieurs passages de l’Avesta, le légendaire Yima est la personnification du peuple éranien agissant pendant une longue période historique d’une durée indéterminée, que le yesht ix, 10, évalue à mille ans en nombre rond. Les deux premiers chapitres du Vendidad sont une page d’histoire, écrite dans le style métaphorique par lequel ont débuté toutes les littératures anciennes. Il est possible que ces deux chapitres aient d’abord appartenu, comme de Harlez le suppose, à deux naskas différents de l’Avesta primitif. Il n’en est pas moins vrai que les documents fournis par le premier chapitre servent à éclairer la première moitié du second, qui raconte la même histoire sous une forme différente et plus succincte. Cette histoire est celle de la conquête de tout le Turkestan et des provinces septentrionales de la Perse par les Éraniens. Quant à la seconde moitié du deuxième chapitre, ce n’est pas, comme de Harlez le prétend, « une reproduction défigurée des actes de Noé, » c’est-à-dire une peinture infidèle du fantastique déluge universel ; c’est une description très-claire d’un événement très-important dans la vie des Aryas : celui de leur passage de la vie nomade et pastorale à la vie sédentaire et agricole, dès l’époque de leur séjour dans leur première patrie, l’Airyana vaeja, située aux environs du lac Balkach, à l’ouest des monts Alalau, ce qui ne veut pas dire que les premiers villages des Aryas aient été construits sur le type du vara décrit dans la légende de Yima.