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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 12.djvu/177

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dont la nuance est si indécise, une pierre à couleur franchement noire, comme le jais ? La réponse à cette question pourrait sembler difficile, et nous n’avons là-dessus à présenter que des hypothèses. Il n’y a guère de gemme tout à fait noire que le jais, et peut-être cette substance n’était-elle pas connue des Hébreux au temps de Moïse. Peut-être bien aussi (et cette façon de voir nous semblerait la plus plausible), une idée sinistre s’attachant à la teinte noire, empêchait-elle d’en faire la livrée de l’un des enfants de Jacob. N’oublions point, en effet, que le noir constituait la livrée du Babylonien Adar, cette déité terrible à laquelle on offrait des sacrifices de petits enfants. Or, l’on sait quelle horreur inspiraient aux Juifs, depuis l’époque d’Abraham, les sacrifices humains, d’ailleurs hautement interdits par la Thora.

Nous ne pouvons que répéter ici quelques-unes des observations déjà émises dans un précédent travail à propos des autres listes de tribus tirées de l’Ancien Testament. L’esprit et les habitudes patriarcales ont de tout temps dominé en Orient, et quelques vestiges de leur influence se font même aujourd’hui encore sentir chez les Juifs vivant au sein de la chrétienté. Bien qu’il possédât un sacerdoce tout aussi héréditaire que la caste des Brahmes dans l’Inde, et que les unions entre gens de tribus différentes fussent plutôt tolérées que permises par la loi religieuse, le peuple juif ne connaissait rien d’analogue à notre noblesse féodale du moyen âge. En revanche, on découvre chez lui quelque chose qui rappelle un peu l’organisation des clans écossais. Certains priviléges, les uns civils, les autres même politiques, paraissent avoir été dévolus, soit à l’aîné de la famille, soit au représentant le