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en usage dans l’Ille-et-Vilaine et dans les Côtes-du-Nord. Il y a un grand nombre de mots — la plupart, pourrais-je dire — qui sont communs à la fois à la côte de la Manche et aux environs de Rennes, de sorte qu’on peut affirmer que cette vaste étendue de pays a, si on considère son langage dans ses grandes lignes, un patois commun.

Les différences de prononciation constituent bien des dissemblances entre le langage de communes parfois assez rapprochées ; mais le fond est le même. C’est un dialecte de l’ancienne langue d’oïl, modifié par l’introduction de mots nouveaux, et qui a un assez grand nombre de mots qui sont usités dans les autres dialectes de la langue d’oïl, le normand, le berrichon, l’angevin, le picard et même le genevois.

Comme toutes les langues qui ne sont point écrites, le patois gallot subit des transformations ; il se francise tous les jours, surtout sur le littoral et dans les pays bien percés de chemins, dans ceux qui sont voisins des voies ferrées ou des villes.

Dans quelques communes, des mots usités couramment il y a dix ou quinze ans tendent à disparaître de l’usage général : on ne les retrouve plus guère que dans la bouche des personnes âgées.

J’ai aussi noté dans mon glossaire un certain nombre de mots qui, sans être à proprement parler du patois, constituent des provincialismes ; ils sont employés par les paysans, et souvent aussi par les gens instruits ; ceux-ci en font usage sans trop s’apercevoir, tant est grande la force de l’habitude, qu’ils se servent d’expressions non françaises.