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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 14.djvu/143

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Apostoli Jacobi confisus suffragiis, per devia montium, vallium, atque marium, Carrionem usque pervenit[1] ».


Il faut évidemment faire une large part à l’exagération ; les Gallo-Romains, et les néo-Latins après eux, les clercs surtout, devaient avoir le plus profond mépris pour ces rudes montagnards qui n’entendaient point la langue vulgaire et qui ne se gênaient pas pour détrousser les voyageurs, fussent-ils évêques. L’épisode historique qui a donné naissance à la légende de Roland est parfaitement expliqué par les détails qui précèdent. Les Basques ont laissé passer le gros de l’armée de Charlemagne et ont attaqué l’arrière-garde où se trouvaient les bagages ; après le pillage, ils se sont dispersés avec leur butin : les Basques, en effet, n’étaient point des soldats, et, le coup fait, ils ne pouvaient que se retirer chacun dans sa demeure (Cf. Éginhard, Vita Caroli IX, et les autres auteurs cités par M. L. Gautier dans sa Chanson de Roland). Je me propose de revenir sur l’affaire de Roncevaux dans un article spécial, où j’étudierai, point à mon avis fort important, la question topographique. Il suffira de faire remarquer pour aujourd’hui qu’Éginhard accuse la perfidiam Wasconicam, in summi montis vertice positis insidiis, et qu’il raconte ainsi la fin du combat : direptis impedimentis, noctis beneficio qua jam instabat protecti, summa cum celeritate in diversa dispergimtur. Les Annales d’Angilbert parlent aussi d’insidiis, d’attaques sur l’extremum agmen et des direpta impedimenta par un ennemi

  1. J’ai collationné sur l’España sagrada (t. XX, p. 298-299) le texte inexactement reproduit par Floranes.