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On a pu voir, par la note du prince Bonaparte, la grande importance qu’il attache à sa découverte des génitifs et datifs pluriels en aken et aki, actuellement en usage à Irun et Fontarabie. En effet, les génitifs et datifs pluriels semblaient résister à la décomposition si facilement réussie chez les autres cas. Les formes ordinaires gizonen[1], gizonai ou gizonei ne s’expliquaient pas comme gizon-ak-en « hommes-les-de », gizon-ak-i « hommes-les-à ». Ces dernières formes ont permis au prince Bonaparte de poser des principes généraux ; aussi sa dernière note a-t-elle pour objet de montrer que les formes gizonetan, gizonetatik, etc., ne peuvent être invoquées comme des objections sérieuses contre ce système. Du reste, ainsi que je l’expliquerai plus loin, je n’avais point cette intention en signalant la contradiction des deux formes gizon-ak-en et gizon-eta-n.

Le prince Bonaparte est d’avis qu’il n’y a pas de déclinaison proprement dite en basque, c’est-à-dire que les divers rapports marqués en latin, en grec, en sanscrit par des cas s’expriment en basque par des postpositions, des suffixes, et nullement par des flexions. Sur ce point, il est en contradiction avec la plupart de ceux qui ont écrit sur le basque, sauf Humboldt et M. Van Eijs (et encore ces derniers semblent-ils hésiter sur la véritable nature du datif et du génitif). M. de Charencey admet des flexions casuelles très nombreuses, mais il relève soigneusement les différences que ces flexions présentent, dans leur union au mot fléchi, avec les flexions des langues indo-européennes ; il signale notamment la singulière propriété que paraissent avoir ces

  1. On voit que je me décide à adopter l’orthographe moderne, bien que je pense, avec M. Van Eijs, qu’elle est « arbitraire », et qu’elle n’a « aucune base, étymologique ni euphonique ». Mais elle est employée par tous ceux qui écrivent sur le basque.