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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 3.djvu/16

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terminatives de s’unir les unes aux autres et de former ainsi des signes de rapports complexes. M. l’abbé Inchauspé semble adopter cette manière de voir. MM. Darrigol et Chaho croyaient aussi à la déclinaison ; M. Darrigol conclut même, après une longue discussion où il invoque l’autorité des grammairiens Estarac, Gébelin, Beauzée, La Harpe, que le système des cas est de beaucoup préférable à celui des prépositions. M. Duvoisin est du même avis que les écrivains précédents, mais il réserve le nom de flexions aux seules terminatives qui ne peuvent se joindre à d’autres.

Je crois qu’il ne serait pas bien difficile d’accorder ces opinions contradictoires. Tous ceux qui ont discuté la question ont été, à mes yeux, trop grammairiens et pas assez philologues ; ils ont eu, selon moi, le tort grave de considérer les flexions indo-européennes dans leurs formes secondaires ou dans leur forme actuelle. Que ne remontaient-ils à la source commune ? La linguistique comparée a établi clairement l’histoire de la déclinaison aryenne ; les éléments casuels ne sont en dernière analyse que des postpositions : « à la seconde couche du terrain aryaque, les pronoms et dérivés pronominaux (adverbes de lieu, etc.), signes de cas, étaient, eux aussi, des êtres tout à fait distincts, avant de devenir de purs appendices, signes banals et progressivement effaçables et effacés de huit espèces de rapports » (Chavée).

Je viens de rappeler que dans les langues aryennes huit rapports principaux sont marqués par des postpositions simples ou multiples. On sait que ces langues emploient en outre un grand nombre de prépositions souvent composées (par dessus, par devers, jusqu’à, towards, within, etc.) ; on sait aussi que dans leur période la plus moderne ces langues ont perdu les désinences correspondant aux flexions, c’est-à-dire aux postpositions, de leurs mères : elles ne