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n’a rien d’anormal ; les Roumains, quoique étant incontestablement indo-européens, disent omu-l « l’homme ». Donc, dans l’addition des signes déclinatifs, il se présentera deux cas, celui où le nom est indéterminé, indéfini, et celui où le nom est accompagné de l’article.

Dans le premier cas, les désinences s’ajouteront simplement au thème ; par exemple mendi « montagne » fera mendi-(r)-en « de montagne », mendi-(r)-i « à montagne », mendi-z « par montagne », etc. Cependant un certain nombre de suffixes font ici exception ; en s’adjoignant à un nom indéfini ils intercalent la syllabe ta ( ou eta, avec e euphonique) : on dira par exemple mendi-ta-ko « de montagne », mendi-ta-ra « vers montagne », etc. ; il convient de remarquer que ces suffixes répondent aux questions de Lhomond : ubi ? quò ? undè ? quà ? Aussi le prince Bonaparte les appelle-t-il locaux. Les noms propres et les pronoms personnels ne prennent naturellement pas l’article ; ils rentrent donc dans la catégorie qui nous occupe, et en effet, ils reçoivent directement les suffixes, même ceux dont nous venons de parler ; ainsi on dira Sara-ko « de Sare » et non Sara-ta-ko, Orhi-n à « Orhi » et non Orhi-ta-n. Les pronoms présentent bien quelques irrégularités, mais elles semblent peu importantes pour la question qui nous occupe. Je ne parlerai pas non plus de l’exception que paraissent faire les noms propres lorsqu’ils remplacent certaines désinences par des périphrases, par exemple lorsqu’on dit : Mariaren baithan « dans Marie », Yainkoaren gana « vers Dieu », avec Mariaren, Yainkoaren au génitif.

Si au contraire, le nom est accompagné de l’article, ce dernier, étant postposé, reçoit seul les terminaisons ; par exemple mendi-a-(r)-en « montagne-la-de », mendi-a-(r)-i « montagne-la-à », mendi-a-z « montagne-la-par », etc. Il se présente ici une nouvelle anomalie : avec