volontiers, avec Mahn, que la voyelle initiale est adventice, de sorte que les causatifs seraient formés, non par infixation, mais par préfixation, ou plutôt par substitution de era à e, qui aurait aussi une signification de formation secondaire ; y de yan, yo, etc., ne serait qu’une mutation de ce a devant une voyelle radicale.
Tous les verbes de forme causative n’ont pas le sens exact de causalité. Quelques-uns ont une signification d’intensité, de fréquence, d’activité spéciale, par exemple : eraman « porter » de eman « donner, mettre, se placer », érayo « écraser » de eo, eho « moudre », eroan « tirer » de yoan « aller » ; erago « occuper » de ego, egon « demeurer » ; erantzun « répondre » de entzun « entendre » ; igaran, igare, igaren, igaro « passer », avec metathèse, pour irago, etc., de igan, igo « monter » ; et ceci nous permettra de découvrir des verbes perdus ou d’en expliquer d’autres. Ainsi erausi, erasi, edasi « causer, bavarder » vient évidemment de eus, aus « aboyer », dont le sens primitif était sans doute « crier » ; ero, erho « tuer », erio, herio « mourir », doivent venir de yo « battre » ; etc. Il y a longtemps que j’ai rattaché ezarri « mettre » à yarri « s’asseoir, se placer ». D’autres fois, ce sont les primitifs que nous ne connaissons pas, et dont le sens nous échappe : irakur « lire », irabaz « gagner », eraki « bouillir », etc., indiqueraient des primitifs ekur, ebaz, eki (?).