Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 41.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 157 —

Après cet examen, on peut se demander si ces formations doivent être considérées comme de simples dérivés, ou s’il convient d’en faire une voix secondaire, dans le sens grammatical du mot. Ce qui viendrait à l’appui de cette opinion, c’est le rôle que paraît jouer le verbe causatif dans les conjugaisons périphrastiques. Le biscayen emploie couramment eroan, mais d’autres dialectes, par exemple le labourdin et le souletin, ont, comme je l’ai dit précédemment, dans les formes auxiliaires avec régime indirect, des expressions en r qui sont probablement des causatifs. Ainsi, le labourdin a dìot « je l’ai à lui », là où le souletin dit deyot, contracté de l’archaïque deriot ; et « il l’a à moi » y varie en daut, darot, derat, deraut, draut. N’y a-t-il là qu’une seule et même forme, ou y en a-t-il deux, la transitive et la causative ? Ematen daut ne serait-il pas « il l’a à moi en donner », et emaiten deraut « il le fait avoir à moi en donner » ? Je croirais volontiers que les formes sans r sont déduites de celles en s qui seraient primitives. Le causatif s’explique fort bien dans ce cas, et son emploi paraît même plus justifié que celui du simple transitif.

Mahn voyait dans le préfixe (ou infixé) causatif ra, era, le suffixe déclinatif ra « vers » : Bayonara « vers Bayonne ». Cette opinion est fort plausible et, de même, je serais disposé à voir dans le n de l’imparfait le suffixe n du locatif : Bayonan « dans Bayonne ». Dans le langage primitif, le nom et le verbe ne sont pas