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au nom : cf. bildots-bat « un agneau » (Actes, viii, 32) et même guiçombat « un homme (Matth., xii, 10).

Bi se met le plus souvent devant le substantif, mais quelquefois après. Les autres numéraux se mettent tous après le nom.

Faut-il rattacher à bi des mots tels que bihar « demain », biharamun « lendemain », bihardamu « sur-lendemain, après-demain » ? Le mot ordinaire pour « après-demain » est etzi, qui n’est pas sans analogie avec atzo « hier » (en hindoustani, kal est à la fois « hier » et « demain ») ; on dit aussi etziluma « le jour qui suit après-demain », etzikaramu « le jour qui vient après celui qui suit après-demain ». Rappelons que « aujourd’hui » se dit egun « jour » et aussi gaur (pr. gauz ? « ce soir, cette nuit »).

À propos de ce r, on remarquera que plusieurs des noms de nombre donnés ci-dessus se terminent par un r qui disparaît dans la dérivation. Ce r paraît avoir caractérisé les trois démonstratifs dont les formes primitives étaient probablement kar « celui-là », kur « celui-ci », kor « cet autre ».

Hamar et hogoi sont vraisemblablement, comme ehun, des collectifs dont la signification s’est ensuite précisée et définie. Hogoi, ogei se rapporte peut-être aux radicaux go, goi, garay, igo, iga, ika, etc., qui expriment l’idée de « supériorité, montée, augmentation ». J’y ramènerais aussi le ika de amaika, hamêka « onze » qui n’a évidemment rien à voir avec le êka indo-européen : « onze » serait donc en basque quelque chose comme « dix augmenté » ou « au delà de dix ».