Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 46.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 228 —

par la forme dominante ta-tu, ta-lu, ta-ru, etc., composée d’un premier élément « doigt » et d’un second élément « doigt », lequel prend là le sens de séparé, sorti, dépassant. Trois bantou se traduit donc par : doigt dépassant.

Cette forme s’explique par le geste bantou pour exprimer trois : dresser l’index et plier le pouce et les autres doigts. Dans ce geste un seul doigt est donc dépassant.

Mais, même dans des dialectes alliés au bantou, la forme pour trois est différente. Elle reflète, en effet, un autre geste. Pour deux, même en bantou, le pouce et l’index sont dressés et les autres doigts repliés. Pour trois, par un geste différent de celui bantou, le pouce, l’index et le médius sont dressés, les autres doigts repliés. Un doigt est donc ajouté aux deux premiers ; c’est un procédé d’addition.

Le nombre écrit correspond au geste. Par exemple en sérère, dialecte allié au bantou, on a dak pour deux et ta-dak pour trois, avec une nouvelle unité ta préfixée à la forme de deux.

Dans le basque, trois est également formé par adjonction de un à deux. Dans hi-ru-r, trois du basque, l’on a deux représenté par hi-ru, plus une nouvelle unité suffixée à hi-ru, une unité r, d’où : hi-ru-r, trois.

En basque, nous l’avons vu, deux isolé est bi-ga. Mais ce n’est point la forme unique pour deux, en basque. Ainsi vingt est ogei et quarante se dit ber-ogei. L’on a, évidemment, dans cette forme composée, la valeur « deux » représentée sous l’aspect ber.