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Page:Revue de métaphysique et de morale, 1896.djvu/285

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G. MILHAUD.la science rationnelle.

le savant décider librement : 1o que la température se mesurera par la dilatation d’un corps ; 2o que ce corps sera une colonne de mercure dans un tube de verre ; 3o que des variations égales de température correspondront à des déplacements égaux du niveau du mercure.

Que la dilatation des corps soit le plus courant et le plus facilement saisissable des phénomènes qui accompagnent la variation de la température que le mercure offre des garanties pratiques d’homogénéité, de pureté, que présenterait plus difficilement toute autre substance qu’enfin la proportionnalité soit la plus simple, la plus naturelle des relations par lesquelles on puisse songer à faire correspondre la variation de température et la variation de volume : tout cela est possible, mais ce sont pour les constructions du physicien des raisons justificatives et non pas nécessairement déterminantes. — Penserait-on en effet que le degré, tel qu’il est ainsi posé, va répondre étroitement et nécessairement dans la nature à quelque chose de constant ? Le physicien parle, il est vrai, de coefficient de dilatation des corps, de chaleur spécifique, etc., désignant ainsi certaines quantités fixes (quantités de volume, quantités de chaleur, etc.) qui entreraient en jeu pour une variation de température de 1 degré, et resteraient les mêmes pour le passage de 5 à 6 degrés ou de 90 à 91. Serait-ce que vraiment le savant serait tombé, dans cette création du degré de température, telle qu’il l’a, conçue, sur quelque entité naturelle, sur quelque fonction du donné qui dominerait une foule de relations entre les choses ? Il suffit d’ouvrir un traité de physique pour comprendre qu’il n’en est pas ainsi. Ces coefficients constants sont d’abord posés instinctivement par le savant qui, aujourd’hui comme au temps des Grecs, conçoit comme première loi de variation, comme loi naturelle, pour ainsi dire, celle qui s’exprime par la simple proportionnalité. Les degrés une fois construits, il semble que l’accroissement de volume d’une substance quelconque va se trouver double, pour une élévation thermométrique de 50 degrés, par exemple ; de ce qu’elle est pour une élévation de 25 en d’autres termes, il semble qu’on va pouvoir assigner à cette substance un coefficient constant donnant l’accroissement de volume pour une élévation thermométrique de 1 degré. Mais une observation rigoureuse montre bien vite que ce n’est là qu’une illusion qu’entre certaines limites on peut bien considérer les solides comme se dilatant en simple raison directe de la température, mais