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210 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

si pour ces émotions comme pour les émotions primitives, l’idée est toujours effet, jamais cause, du moins cause réelle. Et si

M. Ribot rejette la thèse’ dans sa rigueur, sa proposition se réduit à 

peu près à ceci il y a peu de philosophes dans le monde, et les philosophes sont passionnés pour la philosophie. Grande vérité, mais que nous soupçonnions, et qui n’est pas scientifique. Est-ce même une vérité ? j’entends la première partie de la proposition. Peu d’hommes sans doute s’intéressent aux jugements abstraits ou philosophiques comme tels, s’élèvent à l’intelligence claire et explicite des choses ? Maïs les idées sont puissantes, sous forme de sentiments confus. M. Ribot le reconnaît à propos de l’idée de justice Et l’Église catholique pense justement qu’une âme n’est pas perdue, ` tant que la foi demeure. Il y a quelque exagération à dire que les formes supérieures du sentiment sont inaccessibles à la plupart des hommes, et que peut-être un individu sur cent mille ou un million y atteint2. Pour la religion, en particulier, l’assertion étonne. Et la ;“ question se .pose toujours de savoir si l’on aime davantage son pays ou sa foi dans la mesure où les mouvements respiratoires, circulatoires, etc., sont plus nombreux ou plus rapides, ou s’il y a des conditions d’intensité liées à ces sentiments comme tels. Les idées générales explicites ou non sont-elles ou non des épiphénomènes ?


Les lacunes que nous venons de signaler dans l’argumentation de M. Ribot sont au reste comblées et les indécisions enveloppées à l’aide des métaphores matérialistes connues le sentiment religieux plonge dans l’organisme tout autant qu’un autre 3, ou les émotions composées sortent des émotions primitives 4. En réalité, nous n’avons pas affaire ici à une théorie scientifique, mais métaphysique, ou plutôt à une foi forte et confuse. La clarté de ces généralisations fuit à mesure qu’on l’approche. Ce qui s’en dégage c’est une vague et puissante sympathie pour tout ce qui porte l’enseigne physiologique une vague et puissante horreur pour tout ce qui de près ou de loin touche à la métaphysique. Et M. Ribot entend l’histoire de la philosophie comme la philosophie. Les systèmes lui apparaissent comme un bloc il aime ou hait par grandes . Voir p. 291.

. P. 17.

. P. 311. ’,̃̃

. P. 17, 139.