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Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/347

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A. SPIR. – LES FONDEMENTS DE LA : RELIGION ET DE ’LA MORALE. 343 ̃t lï’_ _11 “ I. Javi/i « nfiinnll amanf AnnnCOÛ h 1» ITIftP/ti 1 t. A Af. de l’égoïsme ; elle est donc naturellement opposée à la moralité et ne peut y être rattachée que par des voies détournées. Aux yeux de celui qui croit son immortalité individuelles-rien ne peut primer le soin de son propre salut éternel’. Pour lui, l’essentiel n’est donc pas de faire le bien ni de rechercher le vrai, mais uniquement de se rendre agréable au maître tout-puissant qui distribue les récompenses et lés peines éternelles ; ce qui implique la possibilité de croire qu’on peut faire son salut éternel par d’autres moyens que par la pratique du bien et la recherche désintéressée de la vérité. Aussi cette croyance a-t-èlle produit une somme de mal incalculable, car c’est elle qui a déchaîné toutes les persécutions’ et toutes les guerres religieuses, et de nos jours encore elle envenime les dissensions et les haines confessionnelles, haines si contraires à la charité et à la vraie moralité.

Mais si la croyance à l’immortalité individuelle doit être rejetée, on se demande en quoi consiste la vraie immortalité. Ce sujet mérite bien d’être étudié, car la question la plus importante pour tout homme qui ne vit, pas à la façon de l’animal est de savoir comment il peut participer, à l’éternité. Pour résoudre ce problème j il faut arriver à connaître le fond même de la nature humaine, et cette connaissance a fait défaut jusqu’à présent. Bien des penseurs ont remarqué le mélange étonnant de grandeur et de bassesse que présente la nature humaine, mais personne n’a montré clairement en quoi consisté la grandeur de l’homme- ni ce qui fait sa misère fondamentale.

Le malheur fondamental de l’homme ne vient pas de ce qu’il est sujet à.des souffrances de toute espèce, mais de ce qu’il est vide par essence, dépourvu de nature propre, en d’autres termes, de ce qu’il n’est pas un être ou un objet réel, mais un simple fantôme, dont l’existence même repose sur une illusion ou une apparence. Tout ce dont l’homme cherche à remplir sa vie n’est qu’une fantasmagorie ° planant au-dessus d’un abîme et disparaissant au bout d’un temps fort court. L’illusion à laquelle nous devons .notre existence nous dérobe la’vue de cet abîme, mais il se fait sentir dès que l’esprit n’est pas absorbé par les mirages de la vie. De nos jours surtout, le sentiment de ce vide ou néant intérieur est répandu plus que jamais et constitue ce qu’on appelle le pessimisme moderne’. Aux pessimistes, lavie parait dépourvue de sens et de valeur. • Ne nous laissons pas décourager par le ; triste aspect des choses,