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Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/52

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48 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

tera a jamais sur un miracle en sa faveur, ou même en faveur d’un peuple entier ? On sait trop que le principe qui agit dans la nature est sourd et aveugle.

f Bien plus, du moment où l’on désigne par le mot miracle un événe- » ment qui se produit en dehors de.toute loi, les miracles doivent être l rejetés a priori, comme contraires au principe de causalité. Car, de ce que tout changement doit avoir une cause, il suit, comme je l’ai j déjà montré, que toutes les causes sont liées avec leurs effets par des lois invariables, et qu’une cause absolue n’est pas possible. Ce ne sont donc pas seulement les miracles qui sont impossibles, c’est I l’idée même d’un dieu ou d’un absolu agissant qui est dénuée de

i vérité et de fondement, c’est la croyance en Dieu en tant qu’elle

i s’appuie sur la preuve cosmologique et la preuve physico-théologique, ces preuves dont l’inanité a été démontrée déjà par Kant. Mais il n’y a pas là une erreur théorique seulement ; il y a aussi 1 un égarement moral. La nature et l’expérience étant ce que nous | savons, croire que Dieu en est le principe c’est entièrement fausser i et même renier l’idée de Dieu. On croit qu’il suffit d’attribuer au principe agissant de la nature la conscience de lui-même pour en faire un dieu ; mais on en ferait plutôt ainsi un démon. Si la nature aveugle est immorale, combien cette immoralité ne devient-elle pas plus noire et plus condamnable quand on lui attribue la conscience d’elle-même ! 11 est temps de renoncer à des imaginations aussi _odieuses_quê dénuées de raison et de se demander sérieusement ce qu’il faut entendrô^pffr~reTnot~Dîëu.

Tout le monde s’accorde sur ce point que Dieu est l’être absolu. | Voilà un terrain sur lequel une entente générale est possible. 11 faut donc, avant tout, examiner d’où nous vient la notion de l’absolu, et quel en est le sens précis. Or nous avons constaté que la notion de l’absolu nous est innée et constitue la loi fondamentale de la pensée, loi qui seule rend possible la distinction du vrai et du faux comme celle du bien et du mal.. Nous pensons donc, on peut le dire, par la vertu de Dieu. Mais de là à croire que Dieu lui-même est un être pensant et ayant conscience de soi, il n’y a aucune voie rationnelle. Bien au contraire ; car la conscience de soi n’est possible et nécessaire que chez un être qui n’existe qu’au moyen d’une illusion et d’une apparence. Le premier effet de cette illusion est, il est vrai, de nous faire accroire que l’existence consciente est l’existence la plus élevée et même la seule véritable existence ; mais cela même